Grèce : un compromis se dessine, mais va devoir encore attendre

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à une réunion de cabinet, le 10 mai 2015 à Athènes (Photo : ANGELOS TZORTZINIS)

[11/05/2015 11:24:20] Bruxelles (AFP) Athènes et ses créanciers tentaient de nouveau lundi d’avancer vers un accord sur la reprise du financement de la Grèce, avant un important remboursement mardi auprès du FMI, ont indiqué plusieurs responsables.

La réunion de l’Eurogroupe ne sera pourtant pas concluante pour l’ensemble du dossier, ont-ils prévenu.

Les discussions doivent “montrer qu’il y a du mouvement, mais qu’il y a encore besoin de travailler précisément”. “Il faut montrer que les choses avancent”, a estimé le ministre français des Finances Michel Sapin.

La Grèce doit faire face à une importante échéance mardi avec le remboursement de 750 millions d’euros au Fonds monétaire international (FMI), une étape qu’elle devrait passer sans encombres, selon un expert interrogé par l’AFP. Mais le temps presse à mesure que fin juin approche.

A cette date, le deuxième programme d’aide dont bénéficie le pays depuis fin 2012 s’achèvera. Or, Athènes, qui n’a plus reçu un sou de ses créanciers depuis août dernier, ne peut pas tenir sans une nouvelle forme de soutien et risque à tout moment un accident financier, comme l’a rappelé le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.

“Les expériences ailleurs dans le monde nous ont montré qu’un pays peut soudainement être précipité vers la faillite”, a déclaré samedi M. Schäuble, partisan d’une ligne dure vis-à-vis de la Grèce. Il a assuré que l’Allemagne “fera tout pour maintenir la Grèce dans la zone euro à des conditions responsables”.

“Les semaines s’égrènent et il y a un moment où il faudra avoir conclu”, a reconnu M. Sapin, jugeant qu’il fallait encore “quelques jours à quelques semaines” pour parvenir à un accord sur le versement des 7,2 milliards d’euros, en suspens depuis des mois.

– Geste de la BCE ? –

Dans l’immédiat, la Grèce espère obtenir lundi de la zone euro “un communiqué positif” sur les négociations avec ses créanciers et le déblocage d’une partie des prêts, une option qu’ont refusée jusqu’ici ses partenaires.

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és de la radio-télévision publique grecque ERT manifestent pour la réintégration immédiate à leurs postes de travail, le 11 mai 2015 à Athènes (Photo : LOUISA GOULIAMAKI)

Elle espère également convaincre la Banque centrale européenne (BCE) de relever le plafond d’émissions de bons du Trésor qu’elle peut émettre, ce qui lui donnerait un peu d’air. Cette décision pourrait intervenir dès mercredi, selon les analystes.

“Le gouvernement grec a fait tout ce qui était possible humainement, une solution est en vue tant qu’il y a une volonté politique de la part des créanciers”, a affirmé le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, qui a fait une tournée en Europe la semaine dernière afin de convaincre du sérieux des réformes qu’Athènes veut mettre en place.

Les longues tractations achoppent sur la résistance du nouveau gouvernement de gauche radicale à adopter des mesures de rigueur supplémentaires, surtout de nouvelles coupes dans les retraites et les salaires. Des divergences sont également apparues au grand jour entre Européens et FMI, mais les deux parties se sont employées à rapidement éteindre la polémique.

Pressé par le temps, le gouvernement grec s’est dit ces derniers jours prêt “à faire un compromis”. M. Varoufakis a indiqué qu’un premier accord avec les créanciers pourrait porter sur des dossiers comme “les privatisations, la limitation du nombre de pré-retraites, de nouvelles règles sur la TVA et la création d’une Autorité indépendante pour la collecte d’impôts”.

Mais les deux parties restent “politiquement éloignées” sur les questions de réformes du travail et des retraites et certains sujets “resteront ouverts jusqu’à la dernière minute”, a reconnu Euclide Tsakalotos, le ministre adjoint des Affaires étrangères chargé des questions économiques, nommé récemment coordinateur des négociations avec les créanciers.