Décès du Belge Alexandre Lamfalussy, l’un des “pères” de l’euro

d2d6c59af5b6157dd8ed9297f540d0aa97ea143c.jpg
étaire européen, ancêtre de la Banque centrale européenne, le 8 novembre 2003 (Photo : Attila Kisbenedek)

[11/05/2015 19:24:27] Bruxelles (AFP) L’économiste belge Alexandre Lamfalussy, ancien président de l’Institut monétaire européen, ancêtre de la Banque centrale européenne, est décédé samedi à l’âge de 86 ans, a annoncé lundi sa famille à l’AFP.

Son décès a suscité des réactions émues en marge d’une réunion des ministres des Finances de la zone euro à Bruxelles.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a salué la mémoire d’un “grand Européen et un économiste brillant dont le nom reste (…) comme étant l’un des pères fondateurs de l’euro”. “Alexandre était un architecte passionné, dévoué et compétent du projet européen”, a souligné M. Juncker, insistant sur “son héritage important” dans le domaine de la régulation financière.

“Je suis peiné par le décès du baron Lamfalussy. En tant qu’éminent professeur, avocat passionné de l’union monétaire et +un des pères de l’euro+, il a joué un rôle central dans la création de notre monnaie commune”, a affirmé Jeroen Dijsselbloem, le patron de la zone euro dans un communiqué. “Ses vues sur les perspectives de l’union économique et monétaire (…) continuent d’être très pertinentes”, a-t-il ajouté.

Le ministre français des Finances Michel Sapin a lui aussi fait part de sa “tristesse”. “Partisan de toujours de la monnaie unique, Alexandre Lamfalussy en avait été une cheville ouvrière en tant que président de l’Institut monétaire européen”, a rappelé M. Sapin dans un communiqué.

“Plus tard, chargé par la Commission européenne de piloter la mise en place des grandes réglementations financières de l’Union, il avait su mettre sa compétence et son autorité au service de la construction de l’Europe des activités financières”, poursuit-il.

De 1988 à 1989, Alexandre Lamfalussy fut membre du “Comité Delors”, chargé de préparer le chemin vers la monnaie unique sous l’égide de l’ancien président de la Commission européenne, Jacques Delors.

Il a ensuite dirigé, de 1994 à 1997, l’Institut monétaire européen (IME) à Francfort, qui allait donner naissance à la Banque centrale européenne (BCE).

Il se voulait pragmatique dans l’interprétation des critères de convergence devant permettre aux Etats de participer à la monnaie unique.

“Il ne s’agit pas juste d’un chiffre. Il faut s’inscrire dans la durée, voir ce qui nous attend, prendre une perspective historique”, avait-il déclaré en 1997 au quotidien Financial Times.

“Il a été l’un des tous premiers à se méfier des marchés et des bulles spéculatives, et à préconiser une meilleure régulation des systèmes financiers”, a relevé lundi son fils Christophe, journaliste au quotidien La Libre Belgique.

En 2000, il a présidé un Comité des sages chargé par les ministres de l’Economie et des Finances européens de contribuer à l’harmonisation des pratiques boursières en Europe.

Fin 2008, en pleine crise financière, le gouvernement belge lui avait demandé de présider un Comité supérieur pour une nouvelle architecture financière, chargé de formuler des propositions destinées à renforcer le système financier.

Né à Kapuvar, en Hongrie, le 26 avril 1929, il avait fui son pays natal à l’âge de 19 ans pour être accueilli en Belgique comme réfugié apatride.

Après avoir étudié l’économie à Louvain (Belgique) et Oxford (Grande-Bretagne), il avait commencé sa carrière à la Banque de Bruxelles, avant de rejoindre en 1976 la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle (Suisse), qui fédère les banques centrales, dont il fut le directeur général entre 1986 et 1994. Il avait été élevé au rang de baron par le roi Albert II en 1996.