à Palo Alto en Californie, le 7 février 2011 (Photo : Justin Sullivan) |
[12/05/2015 17:56:02] Washington (AFP) En 30 ans, AOL a fait entrer l’Amérique dans l’âge internet, est devenu un acteur majeur des nouvelles technologies avant de perdre de son lustre et de tenter de se réinventer à plusieurs reprises, sans succès.
Ce parcours singulier semble à présent arriver à son terme pour le moteur de recherche qui a accepté de se vendre au géant Verizon pour 4,4 milliards de dollars, un dernier chapitre indigne pour l’ancien leader mondial du secteur.
Dans les premiers temps d’internet, à l’époque où l’on accédait au web via les lignes téléphoniques, AOL, pour “America Online”, avait rassemblé 26 millions d’abonnés. La fameuse phrase “vous avez un message” (“You’ve got mail”), qui est même devenue le titre d’un film, restera d’ailleurs un synonyme éternel d’AOL.
L’entreprise est un temps devenue l’une des plus puissantes du monde en s’alliant avec Time Warner, l’un des plus gros contrats de toute l’histoire du monde des entreprises, évalué à environ 165 milliards de dollars en 2001.
“A un moment donné AOL a été le roi du monde de l’internet”, estime Roger Kay, analyste pour la firme Endpoint Technologies Associates. “Maintenant c’est juste une entreprise parmi d’autres et ce sont en quelque sorte des soldes monstres pour AOL”.
Paradoxalement, l’ancien roi a commencé à vaciller peu après son mariage, à l’issue duquel il est devenu AOL Time Warner. Les internautes ont commencé à se tourner vers les connexions plus rapides offertes par le câble et à délaisser AOL.
Leurs synergies peinant à se matérialiser, AOL et Time Warner se sont finalement séparés en 2009.
“AOL a essayé d’en faire trop, trop tôt et n’a rien fait correctement”, explique quant à lui Larry Chiagouris, professeur de marketing à l’université Pace à New York.
– Plus gros fiasco de l’histoire –
L’entreprise était née en 1985 sous le nom Quantum Computer Services, qui offrait un premier service en ligne appelé Q-Link. En 1989 elle proposait sa première application de messagerie connectée et en 1991 elle a été renommée America Online après un concours ouvert aux employés pour trouver le nouveau nom de la société.
AOL, coté au Nasdaq à partir de l’année suivante, offrait des espaces de chat, une messagerie, des informations et des contenus de divertissement pour des Américains qui commençaient tout juste à apprendre à se servir d’internet.
AOL avait au passage avalé d’autres entreprises pionnières comme CompuServe ou ICQ, et la société a tenté de s’étendre à l’étranger, mais sans beaucoup de succès. L’absorption de Netscape avait également donné peu de résultats.
La fusion avec Time Warner devait permettre la mise à disposition de l’énorme base de contenus de ce dernier pour les usagers de ce service en ligne émergent, mais au final ce mariage aura été l’un des plus gros fiascos de l’histoire.
“C’est devenu une entité impossible à diriger et les deux parties en ont souffert”, reprend Roger Kay.
AOL a alors entamé une série de réorganisations, entre suppressions d’effectifs et acquisitions pour essayer de se relancer.
En 2005 elle est devenue la première entreprise à remporter un Emmy award pour sa couverture des concerts Live8. Elle a ajouté à ses contenus des sites comme le Huffington Post, acquis en 2011, ou TechCrunch, racheté en 2010.
Mais l’élément essentiel à présent pour Verizon pourrait être le savoir-faire publicitaire d’AOL, qui pourrait permettre le développement de la vidéo sur l’internet mobile.
“Verizon a les tuyaux, AOL la capacité de monétiser les vidéos en streaming”, a résumé Rebecca Lieb, chez Altimeter. “Cette alliance est de bon sens pour les deux acteurs, car la vidéo numérique continue à progresser et gagner des utilisateurs”.