A la mi-mai sonnera l’échéance des 100 premiers jours du gouvernement Essid. On fera alors connaissance avec le plan d’action du gouvernement. Cependant, l’urgence de l’instant ne doit pas nous faire oublier l’obligation d’un effort de réflexion sur la vision d’avenir.
Le 15/05 n’est pas un code secret mais bien la date d’échéance des 100 premiers jours du gouvernement Essid. Nous ferons donc connaissance des priorités définitives du gouvernement.
A priori, on doit être édifiés sur le plan d’action du gouvernement pour l’exercice en cours. Dans la foulée, on dévoilera les prémices du plan quinquennal 2016–2020. Mais autant il est important de savoir ce que sera le coup de strike à imprimer à l’économie du pays, ici et maintenant, autant cela ne doit pas nous faire oublier qu’il y a aussi urgence à penser l’avenir du pays à plus long terme.
Le gouvernement devrait s’employer à configurer sa vision de long terme. Les prospectivistes considèrent que le long terme c’est la durée d’une génération, soit de 25 à 30 ans, et en l’occurrence cela correspond à la Tunisie de l’horizon 2050. Une consultation nationale devrait être initiée. Ce serait une belle illustration de démocratie économique. Mais commençons par voir de quoi demain sera fait?
L’activation des grands projets
On croit savoir que dans le plan d’affaires du gouvernement il est fortement question d’activer les grands projets. Ainsi en est-il du port en eaux profondes d’Enfidha, du port financier de Raoued, de l’aménagement du lac sud de Tunis, le fameux projet Sama Dubaï. A l’évidence, ce sont des projets qui ont une capacité d’entraînement sur l’économie du pays. Il leur faudra toutefois le cadre dédié, à savoir le PPP.
Malgré les lenteurs parlementaires, on pense que cela finirait par se faire. Mais ce ne sont pas ces projets qui secoueront les grandes tares des inégalités et autres déséquilibres. Les grands projets peuvent doper la relance, toutefois le pays est à la recherche d’une dynamique de développement.
Quels secteurs d’activités cibler?
Dans un propos récent, Kamel Ben Naceur, alors ministre de l’Industrie dans le gouvernement de Mehdi Jomaa, rappelait que dans la foulée des grands projets, deux éléments étaient à privilégier. Une attention particulière doit être accordée à un travail de reengineering de l’administration.
Claude Allégre, ministre de Lionel Jospin, avait eu une formule choc: “Il convient de dégraisser le mammouth“. Voilà, la messe est dite. L’administration doit se mettre au goût du jour. En un mot, elle doit renouer, elle aussi, avec l’exigence de performance.
En second lieu, il convient de cibler les secteurs d’activités pour lesquels nous pouvons cultiver des avantages comparatifs à l’avenir. Kamel Ben Naceur parlait d’une palette de 7 à 10 secteurs d’activité. Naturellement le ministre disait que pour optimiser le tout, il fallait que toutes nos capacités d’accueil doivent être harmonisées. Il faut entendre par-là que la chaîne logistique doit, à son tour, performer. Ce sera le premier effet d’appel de notre site national à l’adresse des IDE.
Un nouveau modèle, soit…
A la question de savoir comment enclencher le starter dans l’immédiat, les recettes des experts et autres observateurs constitueront, sans surprise, une démonstration de management. Prendre la vague des secteurs porteurs, faire un tir groupé autour de certaines filières précises, sans oublier de basculer dans le learn management. Tout cela tombe sous le coup du sens.
Dans cette perspective, l’aménagement du territoire devra être repensé, également. L’entreprise elle-même devra revenir au centre du système et il faudra la dégager, progressivement, de la tourmente des revendications syndicales pour la connecter sur le monde universitaire. Mais tout cela manque de souffle. En toile de fond, il faudra proposer du neuf en rupture avec le passé.
…Mais aussi un nouvel horizon. Que dit GAFA à ce sujet?
De la démonstration de management, il faut faire un exercice de prospective. Relooker le pays et nos structures vieillissantes, dans l’immédiat, est inévitable. Mais se mettre en ordre de marche doit être assorti d’une vision de long terme. Et au XXIème siècle la révolution IT nous intime de regarder en direction de l’économie du savoir.
Il n’échappe à personne que l’intelligence sera le principal intrant de la création de richesse, demain. Or, les maîtres du jeu, en la matière sont Google, Apple, Facebook et Amazon, le fameux quatuor “GAFA“. Et ces liseurs de bonne fortune soutiennent que les secteurs d’avenir sont au nombre de quatre, à savoir les nano technologies, les bio technologies, l’informatique et les sciences cognitives. Il faut dire adieu donc aux richesses du sous-sol, à l’énergie et à tous les matériaux classiques.
Il est souhaitable que le pays s’organise en conséquence, la situation s’y prête bien. Les technopôles remplaceront les zones industrielles, le cloud computing et l’énergie numérique seront domestiqués, l’innovation guidera nos pas et, alors, nous serons dans l’air du temps.