Des représentants de la société civile tunisienne et des organisations patronales et professionnelles ont souligné, vendredi 15 mai, l’impératif de faire une étude d’évaluation des réalisations accomplies, jusque-là , dans le cadre de l’Accord d’association entre la Tunisie et l’Union européenne (entré en vigueur en 1998), avant de se lancer dans les négociations de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA).
Intervenant à une rencontre, organisée à Tunis par le ministère du Commerce, ils ont mis l’accent sur l’impératif d’opter pour une démarche d’ouverture progressive et de préserver les secteurs sensibles, en l’occurrence un nombre d’activités agricoles.
Dans ce cadre, Radhi Meddeb a estimé que l’expérience tunisienne dans le domaine du libre-échange a montré que ce partenariat n’a pas favorisé l’amélioration de la compétitivité de l’économie de notre pays, ni impulsé la création d’emplois.
D’après lui, ce partenariat s’est limité aux échanges commerciaux, au vu d’une faible maîtrise de la technologie en Tunisie. Ainsi, nos exportations vers l’Europe demeurent insignifiantes par rapport au volume global de ses importations. Pour le cas de l’Allemagne, nos exportations représentent moins de 1% par rapport aux importations allemandes de notre pays.
Par ailleurs, l’expert tunisien juge que la mise en place de cette ouverture totale à l’Europe, dans le cadre de l’ALECA, sera difficile à concrétiser, notamment dans le secteur agricole, lequel est géré, majoritairement, par des personnes analphabètes qui continuent à appliquer des méthodes archaïques. Or, il est difficile d’initier cette population rurale aux normes et méthodes développées et appliquées à l’UE.
Partageant ce point de vue, Lilia Klai, représentante d’un Réseau euro-méditerranéen, a souligné l’impératif de bien définir les produits agricoles qui feront l’objet de l’ouverture au marché européen, surtout que l’UE adopte une politique protectrice pour ses produits agricoles.
Elle a également évoqué l’impératif de négocier avec l’UE d’égal à égal, en tant que partenaire réel, et non un partenaire commercial. Cet accord doit représenter les intérêts mutuels des deux parties.
Pour sa part, Mounir Mouakhar, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis, estime primordial d’avancer dans les négociations avec l’UE relatives à la liberté de la circulation des personnes (facilité les procédures d’octroi de visa), soulignant que «nous ne pouvons pas parler de la liberté de circulation de capitaux ou de produits au moment où l’accès des tunisiens aux pays européens est de plus en plus difficile».
Farhat Toumi, avocat, a affirmé qu’il faut préparer le terrain pour l’application de cet accord, et ce en remettant en marche l’appareil productif en Tunisie et en favorisant le développement dans les régions, à travers notamment la création des banques régionales de développement.
Il a, de même, appelé à former nos jeunes, futurs entrepreneurs du pays, surtout dans les langues pour qu’ils puissent communiquer et négocier avec les professionnels européens d’égal à égal.
Mehrez Ben Rhouma, représentant de l’UTICA, a mis l’accent, quant à lui, sur l’impératif d’impliquer le secteur privé dans les négociations avec l’UE.
Lors de l’ouverture de cette rencontre, Ridha Lahoual, ministre du Commerce, a indiqué que l’ALECA vise à faire profiter la Tunisie de nouveaux privilèges dans ses relations avec l’UE, ce qui permettra d’améliorer le climat d’affaires, d’impulser l’investissement et de favoriser la création de l’emploi.
De son côté, Fatma Oueslati, directrice de la coopération avec l’Europe au sein du ministère du Commerce, a fait savoir que l’ouverture à l’Europe, dans le cadre de l’ALECA, sera progressive et menée en se référant à des mécanismes protégeant les activités économiques en Tunisie.