La Tunisie cherche à mobiliser tous les investisseurs dans son entourage. Le G7, jusque-là, a fait de la résistance, et l’UE, la sourde oreille.
Pour mettre plein gaz, le pays a besoin de ressources. L’on n’est pas, momentanément, du bon côté du manche. Nos partenaires traditionnels sont embourbés dans leurs difficultés internes, et les bailleurs de fonds ont des conditionnalités prohibitives.
Compter sur soi
N’empêche, il faut toquer à toutes les portes, argumenter et persuader. Et pour l’instant, on ne semble pas convaincre. Quatre ans auparavant, Georges Soros avait fait le déplacement à Tunis. En fin de son séjour, il avait confié à ses hôtes que le pays devait d’abord compter sur soi. Et d’ajouter que les Tunisiens devaient faire repartir la machine par leurs propres moyens. Et, dans l’hypothèse où la machine suivrait, les investisseurs accepteraient de se mettre à table avec nous. Dur, dur! A ce jour, nos partenaires semblent tenir le même discours hormis quelques petits gestes de grâce. Il y a bien eu, de-ci de-là, quelques actes de soutien notamment sous forme de conversion de dettes publiques. Mais au-delà, rien de bien significatif.
Est-ce que le deal “more for more“ tient toujours?
Il y a dix ans, on pensait monter à la vitesse supérieure avec l’UE grâce à l’accord de voisinage. Romano Prodi, à la barre du vaisseau Europe, promettait à la Tunisie “Tout, sauf les institutions“. Et le slogan était “More for More“. Et l’on avait bien spécifié que ce n’était pas “More for Same“ ni même “More for less“, mais que cela voulait dire ce que cela voulait dire: “More for More“.
Depuis deux ans, on essaie d’activer le Statut avancé en vue de déboucher sur l’ALECA, soit l’Accord de libre-échange complet et approfondi. Mais les perspectives ne sont pas plus alléchantes que le reste. Et, nos partenaires du pourtour nord ne semblent pas enclins à desserrer le cordon de la bourse.
Tentez les échanges Sud-Sud!
Insensibles à notre impuissance financière, certaines voix d’UE considèrent que l’on doit chercher un appoint de financement en boostant les échanges Sud-Sud. Dans un propos récent, Gariel Bousquets, ambassadeur d’Espagne en Tunisie, disait en substance que c’était là notre gisement de salut. Mais le redéploiement marchand des pays du pourtour sud n’est pas une affaire de bonne volonté ni même une affaire qui peut être réglée en un tour de main. Bien souvent des opérateurs tunisiens font observer à leurs homologues européens que l’accord d’association a rapporté à la Tunisie moins de 1 point de croissance, ils répondent que c’est la faute au manque de chance, étant donné que l’Europe connaît une “croissance médiocre“, selon le terme de Christine Lagarde.
Pourquoi l’Europe, en ce cas, nous a-t-elle refusé la Banque euroméditerranéenne? Cela aurait été une compensation et un levier de croissance considérable et qui aurait servi de palliatif. Pourquoi l’Europe nous refuse-t-elle l’accès aux fonds structurels, lesquels sont destinés au développement des régions? Pourtant elle sait que sans ces fonds précieux, le fléau de l’immigration ne s’arrêtera pas.
Pourquoi on nous ferme l’accès au Mécanisme de stabilisation financière (MSF) alors que les monnaies de plusieurs pays du sud n’arrêtent pas de vriller? Le MSF aurait contribué à les stabiliser, ce qui est un élément favorable aux échanges commerciaux avec l’UE et que celle-ci en aurait profité.
Point de détail, le mécanisme a déboursé 9 milliards d’euros l’été dernier pour soulager les banques de l’île de Chypre dont on dit qu’elle sert de lessiveuse à l’argent noir russe. Comment faire bouger les lignes avec l’UE? Mystère!
Répliquer le banco de Charm El Cheikh
A l’heure actuelle, nous sommes à un instant propice à l’action. Il faut expliquer à l’Europe que nos problèmes ne sont pas endogènes mais qu’ils ont un retentissement régional. Si on n’est pas épaulés pour venir à bout des causes du terrorisme et de l’immigration clandestine, nous ne serons pas seuls à payer les pots cassés. L’Europe essuiera les plâtres, également. Quand bien même une mer nous sépare, nous n’en sommes pas moins sur la même galère. C’est probablement l’argumentaire qui a été développé par l’Egypte à Charm El Cheikh.
Rappelons pour mémoire que le pays des pharaons a récolté une manne financière pharaonique qui approche les 90 milliards de dollars.
A bon entendeur… .