La première journée nationale de la promotion immobilière (JNPI) a été organisée le 13 mai 2015 à Gammarth par la Chambre nationale syndicale de promotion immobilière (CNSPI), en partenariat avec Invest Consulting.
La rencontre, qui a réuni pratiquement tous les acteurs du secteur, privés et publics, a permis de faire un état des lieux de l’immobilier en Tunisie: ses difficultés, ses souffrances, mais aussi de proposer quelques pistes à même de booster le secteur.
Concernant les critiques, elles ont ciblé aussi les acteurs immobiliers publics directs (SNIT, SPROLS, AFH, FOPROLOS) et indirects (SONEDE, ONAS) que les promoteurs immobiliers privés.
En effet, certes le secteur a enregistré de très importantes avancées au cours des 40 dernières années en termes de législation, comme l’a rappelé le ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, Mohamed Salah Arfaoui: «La loi de 1990 a permis d’élargir le champ d’action du promoteur immobilier pour qu’il englobe aussi le lotissement et l’aménagement des terrains à bâtir et d’ouvrir le capital des sociétés immobilières aux participations étrangères». Certes, le nombre de promoteurs est passé de 150 en 1990 à 2.500 en 2015, mais seulement 800 exercent effectivement sur le marché avec une part dans la construction des logements qui ne dépasse pas les 10%…
Cependant, Tarak Chaabouni, promoteur privé (entreprise “Le Logement“), estime nécessaire voire vital de revoir le mode de fonctionnement des organismes publics du secteur immobilier. Dans cette perspective, il juge que la Société de promotion des logements sociaux (SPROLS) «incapable de répondre à une demande croissante, au moment où il s’agit de démocratiser davantage l’accès au logement». D’où son appel à «une nouvelle vision du logement économique et social».
Quant au Fonds de promotion du logement pour les salariés (FOPROLOS), il précisera que le commun des mortels pense que le “S“ c’est “social“ alors qu’il s’agit de “salariés“. D’ailleurs, il propose que l’appellation FOPROLOP –pour Fonds de promotion du logement populaire, étant donné que ce fonds ne touche que les salariés du service public qui sont garantis par les banques où leurs salaires sont domiciliés.
Pour sa part, le directeur général de Sigma Conseil, Hassen Zargouni, ira plus loin dans son analyse de la situation du secteur de l’immobilier en Tunisie.
Primo, comme pour rassurer les promoteurs privés, M. Zargouni rappelle que la situation économique n’est pas seulement difficile pour l’immobilier mais elle l’est pour tout le monde. Mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’il évoque les dernières statistiques du recensement 2014: «le secteur de l’immobilier emploie 450.000 personnes, mais sa production ne dépasse pas 10.000 logements par an, ce qui est en-deçà des besoins et des ambitions». Parmi les raisons le DG de Sigma Conseil cite entre autres «le recours important à l’auto-construction, les coûts assez élevés des logements et les plans d’aménagement qui prennent des retards».
Pour lui, ce type de construction engendre des coûts énormes en termes d’infrastructure (raccordement) -ONAS, SONEDE, STEG…-, toute la différence avec les constructions verticales.
Ensuite, M. Zargouni souligne que les promoteurs immobiliers devraient s’adapter aux besoins de la clientèle, c’est-à-dire que la famille tunisienne est souvent composée de 4 membres (le père, la mère et 2 enfants).
Enfin, le statisticien tunisien ne manque de rappeler, étant ici en Tunisie, qu’il est en mesure de fournir les prix au mètre carré dans n’importe quel arrondissement de Paris au centime près, alors qu’il est incapable de le faire pour les quartiers de Tunis. D’où son appel à une transparence des prix dans le secteur immobilier en Tunisie.
Les annonces de la JNPI…
La première journée nationale de la promotion immobilière a enregistré quelques annonces phares (lire nos articles: Economie : L’immobilier tunisien sous toutes ses coutures; La surprise immobilière pour les agents de la sûreté nationale).
En effet, il a été annoncé la constitution d’un comité chargé du financement et/ou de l’octroi de logements économiques au profit des familles des victimes des militaires et de la garde nationale. La remise de ces logements se fera le 13 mai 2016 à l’occasion de la 2ème journée nationale de la promotion immobilière.
Par ailleurs, les professionnels du secteur ont avancé plusieurs propositions, à savoir:
– étudier la possibilité de baisser les délais de réalisation des plans d’aménagement de 6 à 2 ou 3 ans ;
– diminuer les délais pour les autorisations de bâtir, de 6 à 3 mois;
– encourager la construction verticale;
– baisser la part de l’autofinancement de 30 à 10% pour les promoteurs immobiliers et les acquéreurs;
– annuler l’autorisation du gouverneur pour les acquéreurs étrangers;
– réviser le délai de remboursement de l’épargne logement de 25 à 30 ans.
Tout ceci montre que les acteurs du secteur immobilier en Tunisie sont conscients de son poids économique, et que, par conséquent, ils sont prêts à relever les différents défis pour lui redorer le blason.
Maintenant, il faut passer au concret.