à Paris, le 20 mai 2015 (Photo : PHILIPPE WOJAZER) |
[21/05/2015 13:08:57] Paris (AFP) Les entreprises qui veulent sauver la planète et leurs activités, vont devoir accélérer le rythme des innovations, pour réduire les émissions de CO2, par des investissements souvent coûteux, mais qui s’accompagnent de mesures qui permettent des économies.
“Les entreprises se sont aperçues que l’écologie rime avec l’économie”, a souligné Jean-Pascal Tricoire, PDG de Schneider Electric, et président de l’association Entreprises pour l’environnement (EpE), co-organisatrice de la Business and Climate Week, qui réunit des chefs d’entreprises venus de 50 pays, mercredi et jeudi à Paris.
Leur objectif: peser sur les négociations de la grande conférence climat de décembre à Paris, la COP21, et demander aux dirigeants politiques de les soutenir, par des politiques adaptées, dans leurs investissements et développements de solutions propres.
Pourtant, “la recherche et développement dans les énergies vertes est aujourd’hui plus faible que dans les années 1970, après le premier choc pétrolier”, notent Pascal Canfin, conseiller du World ressources institute (WRI) et ancien ministre, et Peter Staine, négociateur climat, dans leur livre “Climat, 30 questions pour comprendre la conférence de Paris”.
“Il y a sans doute certains coûts liés à l’innovation, (…) (mais) si vous ne cherchez pas à innover, vous resterez loin derrière”, a expliqué à l’AFP Aron Cramer, PDG du réseau international d’entreprises dédié au développement durable, BSR (Business for Social Responsibility), qui revendique 250 membres.
Pour lui, les innovations vertes ne sont pas différentes des autres: “les entreprises s’adaptent en permanence à de nouveaux paradigmes. Dans les 30 dernières années, elles ont dû s’adapter à des chaînes d’approvisionnement devenues mondiales, (…) à la révolution digitale, à la révolution mobile”.
“Le climat est juste l’une” de ces “perturbations”, ajoute-t-il.
Ainsi, le prix des solutions plus durables, dans le solaire par exemple, ne cesse de diminuer, mais doit encore baisser, pour que ces produits soient plus largement abordables.
– Une économie, et pas un coût –
Aron Cramer voit néanmoins “énormément d’opportunités pour les entreprises à supprimer le gaspillage. Aux Etats-Unis, dans la majeure partie de l’Europe, environ un tiers de l’eau, de l’énergie et de la nourriture produites et mises en vente sont jetées et ne servent à personne. C’est une très mauvaise idée pour l’économie, mais c’est également une terrible idée pour les consommateurs, ainsi que pour les affaires, c’est juste de l’argent gaspillé”.
“Le coût de la réduction des émissions de CO2 n’est pas un coût additionnel, cela fait partie de notre métier”, a également expliqué le PDG de Carrefour, Georges Plassat, mercredi lors d’une table ronde.
Le patron du groupe de distribution afait état d’actions mises en place par l’entreprise et visant, par exemple, à réduire les fuites de fluides réfrigérants pour limiter la consommation, ou, dans la logistique, à mettre à jour les règles de préparation des palettes et fréquences de livraison, optimiser le volume de remplissage des camions, etc.
“Ce n’est pas un coût, c’est même une économie. On va vers un abaissement des coûts”, avait renchéri Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques.
“Il ne faut plus que la responsabilité soit plus chère (pour le consommateur) (…) C’est ça l’objectif véritable”, avait-elle ajouté.
Marcelo Strufaldi Castelli, PDG de l’entreprise papetière brésilienne Fibria, souligne que “les consommateurs ne veulent pas payer plus pour des produits verts”.
Dans un récent rapport, la commission mondiale sur l’économie et le climat explique que “les gains de productivité sur le long terme et le développement de nouveaux produits sont déterminés par les tendances dans l’innovation. Elle rend également possible la poursuite de la croissance de nos économies dans un monde aux ressources limitées”.