Dans une favela de Rio, la directrice du FMI défend l’ajustement budgétaire

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énérale du FMI, Christine Lagarde, en visite dans une favela de Rio, le 21 mai 2015 (Photo : TASSO MARCELO)

[21/05/2015 17:32:54] Rio de Janeiro (AFP) La politique d’austérité budgétaire appliquée par le gouvernement brésilien est nécessaire pour continuer à financer les programmes sociaux, a affirmé jeudi la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, en visite dans une favela dangereuse de Rio.

Avec une croissance économique en berne — un recul du PIB de 1% est prévu cette année par le FMI– et une inflation élevée, le Brésil a mis en place un ajustement destiné à obtenir un excédent budgétaire de 1,2% du PIB.

Christine Lagarde a voyagé pendant dix minutes dans le téléphérique du Complexo do Alemao, de construction française et inauguré en 2011. A l’un des arrêts elle a rencontré un groupe de dix femmes micro-entrepreneuses qui, avec l’aide du gouvernement, sont sorties de l’économie informelle.

L’une d’elle, Rosana Damasceno, 47 ans, est propiétaire d’un bar depuis 18 ans dans la favela Morro da Providencia, au centre de Rio, mais elle a expliqué à Mme Lagarde que ce n’est qu’en 2009 qu’elle a pu le légaliser grâce à l’aide du gouvernement.

“La discipline budgétaire est la base nécessaire pour financer des programmes comme celui là (…) Les gens qui souffrent le plus de l’indiscipline budgétaire sont en général les pauvres”, a déclaré Mme Lagarde à la presse dans cet ensemble de 15 favelas où vivent 60.000 habitants qui se retrouvent souvent sous les feux croisés des trafiquants de drogue et des policiers.

“La violence est toujours là. Beaucoup d?innocents meurent” de balles perdues dans ces affrontements malgré la “pacification”de l’Alemao en 2011, a déclaré à l’AFP Madalena Alves de Assis, 30 ans.

La directrice générale du FMI a assisté à une démonstration de capoeira, a visité un centre d’assistance sociale où les habitants peuvent s’inscrire dans le programme “Bolsa familia” (bourse familiale) une allocation mensuelle du gouvernement brésilien versée aux familles les plus pauvres, avec la contrepartie d’envoyer leurs enfants à l’école et de les faire vacciner.

“J’avais entendu depuis longtemps parler du système de Bolsa Familia, mais le nouveau programme qui a été mis en place de lutte contre toutes les misères (…) est absolument exceptionnel”, a estimé Mme Lagarde qui était accompagnée de la ministre brésilienne du Développement Social et du combat contre la Faim, Tereza Campello.

“Le fait que le Brésil ait consacré 0,5% de son Produit Intérieur Brut à la lutte contre la pauvreté par le systèmes des bourses familiales est tout à fait remarquable”, a-t-elle souligné.

Plus de 40 millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté au cours de la dernière décennie grâce à ces programmes sociaux.

Un total de 2.840 familles vivent dans l’extrême pauvreté au Complexo do Alemao, avec des revenus de jusqu’à 23 euros, selon les chiffres officiels.

Dans cet ensemble de favelas, 3.707 familles bénéficient de la bourse familiale, créée par l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) et poursuivi par Mme Rousseff depuis 2011.

Jeudi après-midi, Mme Lagarde rencontrera le ministre de l’Economie, Joaquim Levy, à Brasilia puis la présidente Dilma Rousseff, avant de revenir vendredi à Rio pour participer à un séminaire de la Banque Centrale du Brésil.