Les renseignements de cinq pays voulaient espionner via la boutique d’Android

01712697f8d1fed27414a5e4ee40f6dcda6cb629.jpg
applications de Google et Samsung pour espionner les smartphones (Photo : Philippe Huguen)

[21/05/2015 17:56:25] Washington (AFP) Les services de renseignements des cinq pays de l’alliance “Five eyes” (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, Nouvelle-Zélande et Australie) ont développé des outils pour pirater la boutique d’applications de Google et Samsung pour espionner les smartphones, ont rapporté jeudi plusieurs médias.

Le site américain d’informations The Intercept et le radiodiffuseur public canadien CBC se réfèrent à un document révélé par Edward Snowden, l’ancien consultant de l’agence américaine de surveillance NSA qui a mis au jour en juin 2013 le vaste programme de surveillance de cette agence.

Selon The Intercept, l’objectif des “Five eyes” était de renforcer la surveillance des smartphones grâce à des logiciels espions implantés via l’Android Market, boutique d’applications de Google rebaptisé depuis Google Play et utilisée par les téléphones de Samsung.

La NSA et Google n’avaient pas de commentaire dans l’immédiat, tandis que Samsung a refusé de s’exprimer.

D’après le document classé mentionné par les médias, le projet “Irritant horn” (qui pourrait se traduire par “corne énervante”) a été évoqué lors de rencontres entre les différents services en 2011 et 2012.

Il prévoyait de pirater les connections à la boutique d’applications, d’implanter des logiciels malveillants afin de récolter des données dans les smartphones. Les agences voulaient également envoyer des informations erronées à des personnes d’intérêt.

Selon The Intercept, les agences s’inquiétaient de la possibilité d’un “autre Printemps arabe”, et de la contagion des mouvements populaires.

Elles s’intéressaient surtout à l’Afrique, en particulier le Sénégal, le Soudan et le Congo, mais elles visaient également les boutiques d’application de la France, de Cuba, du Maroc, de la Suisse, des Bahamas, des Pays Bas et de la Russie.

Des failles avaient été trouvées dans le moteur de recherche UC Browser, une application du géant chinois Alibaba populaire en Chine et en Inde qui a été installée par 500 millions de personnes.

CBC News, qui a également publié le document jeudi, a précisé que l’objectif était de récolter des informations notamment sur des suspects de terrorisme, en particulier leurs recherches sur internet, les références de leur appareil (carte SIM, etc) et leur localisation.

D’après le média canadien, les analystes ont découvert qu’une armée étrangère utilisait UC Browser pour communiquer discrètement sur ses opérations dans des pays occidentaux.

La NSA et Google n’avaient pas de commentaire dans l’immédiat, tandis que Samsung a refusé de s’exprimer.