Des économistes tunisiens appellent le gouvernement actuel à prendre des mesures urgentes pour sortir de la crise économique qui prévaut dans le pays.
Lors d’une conférence organisée, jeudi 21 mai à Tunis, par l’Union populaire républicaine (UPR), des spécialistes en économie ont qualifié la situation actuelle de «grave et catastrophique», affirmant que tous les indicateurs économiques sont au rouge. A cet égard, l’Institut national de la statistique vient d’annoncer une croissance de l’ordre de 1,7% au cours du premier trimestre de 2015.
Le spécialiste en risques financiers, Mourad Hattab, a affirmé à l’agence TAP que la Tunisie est actuellement à la limite du naufrage sur le plan économique, dénonçant l’absence de synergie entre les différents secteurs économiques et les risques guettant certaines d’entre eux.
Il a cité le manque de liquidités dû à la dégradation des indicateurs économiques dans certains secteurs tels que le tourisme, le phosphate et dérivés qui drainent respectivement 3,5 milliards de dinars par an. Quant au secteur de l’énergie, il risque en 2015 une perte de 300 millions de dollars, soit l’équivalent de 600 millions de dinars.
Pour cet expert, le gouvernement doit accorder une grande importance à la valorisation des ressources humaines qui pourraient sauver le pays.
«Ce sont des cadres hautement qualifiés qui sont aujourd’hui dans une situation de gel prémédité alors que, parallèlement, des nominations louches sont effectuées aux niveaux de certains postes stratégiques et sans la connaissance du gouvernement», a-t-il dit, appelant à ouvrir une enquête dans ce sens.
De son côté, Mohamed Becheikh, macro-économiste, souligne que la situation économique est structurellement déficitaire d’un élément de base qui est l’eau. «Ce déficit fait que la situation environnementale et économique est déplorable, donc la solution est de palier à ce manque d’eau», a-t-il suggéré.
Le spécialiste a rappelé que pour la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), nous ne pouvons parler de développement économique ou de protection de l’environnement que si nous disposons de 1000 m3 par habitant, or nous n’avons que 418 m3 .
«Cet apport hydrique est nécessaire pour faire une irrigation d’appoint et compléter les besoins des sols d’où l’importance du dessalement de l’eau de mer, en ayant recours à l’énergie solaire», a-t-il expliqué, appelant l’Etat à intervenir dans ce secteur, pour faire face à la demande alimentaire en Tunisie.
Dans ce contexte, il a indiqué que la Tunisie importe actuellement 5 millions de tonnes de produits alimentaires par an tous produits confondus (céréales, uligineux sucre, fruits secs, ail et autres.