ènes, le 13 mai (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[22/05/2015 10:24:37] Athènes (AFP) Les finances publiques grecques sont à sec et les entreprises, en particulier les fournisseurs de l’Etat, souffrent aussi de voir s’éterniser les négociations entre Athènes et ses créanciers.
Editrice d’ouvrages universitaires à Athènes, Maggie Minoglou dit n’avoir jamais connu une “situation pareille” alors que “ces trois dernières années”, au plus fort de la crise, “ça ne se passait pas si mal”.
Les livres des étudiants grecs sont payés par l’Etat qui rémunère directement les éditeurs, une fois par semestre, explique l’éditrice des éditions Kritiki.
“Nous n’avons rien touché depuis septembre, et le pire, c’est que nous ne savons absolument pas sur quoi compter et quand. C’est impossible de faire le moindre programme”, s’inquiète Mme Minoglou.
“La seule réponse du ministère, c’est +attendez, il n’y a pas d’argent+. Du coup, nous avons suspendu nos projets d’édition. En admettant qu’il y ait un accord et de l’argent qui rentre dans les caisses, serons-nous payés ? Dans quel délai ? Nous sommes nombreux à attendre”.
Devant des entrepreneurs, mercredi à Athènes, le ministre des Finances Yanis Varoufakis s’est dit lui-même “terrifié par l’asphyxie financière” infligée à l’économie grecque.
Les créanciers, UE, FMI et BCE, attendent d’Athènes des réformes ou mesures budgétaires difficiles à accepter pour la gauche radicale élue en janvier sur la promesse d’en finir avec l’austérité. A la clef des négociations, plusieurs milliards d’euros, dont le versement est suspendu depuis l’automne dernier.
Ces derniers mois, le pays, toujours exclu des marchés d’emprunts, rembourse donc sur ses propres fonds les échéances mensuelles dues dans le cadre des deux plans d’aide internationaux qui lui ont octroyé 240 milliards d’euros depuis 2010.
– Dans le tourisme ‘ça va très bien’ –
Les responsables du budget n’ont pas caché que c’est notamment la compression des dépenses publiques – deux milliards d’euros d’économie sur la période janvier-avril-, via le report de paiement de nombreuses factures aux fournisseurs de l’Etat, qui avait permis de faire face aux obligations financières internationales.
Le secteur des travaux publics paye le prix de ces restrictions, affirme Zacharias Athousakis, président de l’organisme des professionnels de la construction (SATE), selon lequel de nombreux chantiers sont à l’arrêt. En cause, affirme M. Athousakis, le versement au compte-goutte, par les pouvoirs publics, des fonds structurels européens qui financent à 95% ces projets.
Sollicité par l’AFP, le ministère en charge de la gestion de ces fonds n’avait pas répondu vendredi.
Président de la société de construction EKTER, une entreprise de 300 salariés basée à Athènes, Athanasios Sipsas affirme être sur le point de stopper trois chantiers d’hôpitaux et un bâtiment d’université, faute d’avoir touché les fonds attendus depuis le début de l’année.
P., patron d’une société d’équipements de traitement des eaux, se débat avec d’autres problèmes de financement: lauréat d’un marché public en Ethiopie, parrainé par la Banque mondiale et faisant l’objet d’une lettre de crédit à la Commerzbank, il “ne trouve pas une banque grecque en ce moment pour financer cette commande”, se désole-t-il auprès de l’AFP.
Le financement de l’activité économique s’est en effet réduit à la portion congrue de la part aussi des banques grecques ponctionnées d’une trentaine de milliards d’euros par les retraits des ménages et des entreprises en cinq mois et dont le niveau de dépôts privés était, fin mars, au plus bas depuis février 2005.
à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki) |
“Ce n’est pas comparable à la claque de 2012 mais au lieu de faire une seule grosse commande, les clients en font plusieurs petites et il faut rappeler plusieurs fois pour être payé”, confie Nikos Photopoulos, vice-PDG du producteur de farine Miloi Louli (230 salariés).
Seul secteur toujours florissant, le tourisme, dont dépendent beaucoup d’entreprises grecques et 16% du PIB du pays, selon les professionnels. Fournisseur de matériel électrique, Nikos Kafkas, loue les hôtels et autres complexes touristiques qui font tourner son activité. Pour son entreprise, “ça va très bien”.
L’économie grecque, qui avait retrouvé la croissance courant 2014 après six ans de dépression, est retombée en récession au premier trimestre.
“Le pire serait un accord qui ne règle rien sur la durée, avec de nouvelles négociations dans deux mois”, s’inquiète Lambis Dolkas, dirigeant d’une société de consultants.