Grèce : des discussions “constructives” relancent l’espoir d’un accord

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ésident de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à Riga en Lettonie, le 22 mai 2015 (Photo : Janek Skarzynski)

[22/05/2015 14:52:08] Athènes (AFP) La situation de la Grèce à court terme semblait s’éclaircir vendredi après la rencontre Merkel-Hollande-Tsipras à Riga, et un accord prochain semble désormais probable, même si les créanciers feront le forcing jusqu’au bout pour obtenir des concessions d’Athènes.

Depuis son arrivée au pouvoir en janvier, le Premier ministre grec de gauche radicale, Alexis Tsipras insiste sur la nécessité d’une solution “politique” au problème grec, au-delà de la comptabilité avec les créanciers du pays, FMI, UE et BCE.

Jeudi soir, la réunion en marge du sommet européen de Riga, entre M. Tsipras, le président français François Hollande, et la chancelière allemande Angela Merkel, s’est inscrite dans cette perspective.

Chacun des dirigeants a décrit la réunion comme “amicale et constructive”.

M. Hollande et Mme Merkel ont néanmoins rappelé que les Grecs devaient poursuivre leur travail avec le FMI, l’UE et la BCE dans les semaines à venir, Mme Merkel insistant de façon un peu inquiétante sur le fait que “beaucoup reste à faire” et “qu’il faut travailler très, très intensivement”.

Mais M. Hollande a évoque “la volonté d’aboutir à un accord sur le programme en cours”, et Mme Merkel a souligné que “la France et l’Allemagne ont offert leur aide à la Grèce et au Premier ministre grec s’il y a des questions à discuter”, une aide de poids dans l’UE.

“Chacun essaie d’obtenir le maximum (avant un accord, ndlr) et l’UE veut tirer un maximum d’engagements à la Grèce. Mais à la fin, il n’y aura pas d’autre choix que de signer un accord, même partiel”, analyse Jésus Castillo, de Natixis.

La Grèce attend depuis août 2014, bien avant l’arrivée de M. Tsipras au pouvoir en janvier, que les créanciers lui versent une tranche de prêts de 7,2 milliards d’euros, mais en vain, les deux gouvernements successifs ne se résolvant pas à accepter les mesures socialement difficiles liées à l’accord.

Depuis mars, la Grèce prévient qu’elle ne pourra peut-être plus payer à terme ses remboursements aux créanciers, chaque versement au FMI depuis lors faisant l’objet d’un grand suspense médiatique.

– Suffisamment pour payer le 5 juin –

La posture générale du gouvernement est en tout cas d’affirmer qu’à choisir, entre le FMI et les fonctionnaires et retraités, il choisirait de donner l’argent aux seconds.

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ère allemande Angela Merkel et le Premier ministre grec Alexis Tsipras à Riga en Lettonie, le 22 mai 2015 (Photo : Alain Jocard)

Une source proche de ces sujets a indiqué vendredi à l’AFP qu’il devrait y avoir encore suffisamment d’argent pour payer salaires et retraites à la fin du mois, une échéance de 300 millions d’euros au FMI le 5 juin, les salaires qui doivent être payés le 10 juin, ainsi que des intérêts aux créanciers, à hauteur de 400 millions d’euros en mai et encore 500 millions en juin.

Cette source est plus évasive sur le reste du mois, où il faudra payer encore un milliard d’euros au FMI, renouveler 5,2 milliards d’euros de bons du Trésor et payer les retraites et le reste des salaires en fin de mois.

Pour sa part, le porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis a noté vendredi “qu’un accord est nécessaire immédiatement, c’est pourquoi nous parlons de la fin mai, pour résoudre des questions de liquidités cruciales”.

Tout en ajoutant que “le gouvernement espère honorer toutes ses obligations” en juin, “avec une priorité pour les obligations domestiques”.

Les analystes de Bank of America Merril Lynch estimaient vendredi que “l’opposition à l’intérieur de Syriza à un compromis qui ne respecterait pas les lignes rouges (sociales) du parti était la principale raison à l’impossibilité de conclure le programme actuel”.

Le député européen Syriza Dimitris Papadimoulis a indirectement répondu qu’il “ne croit pas qu’il y ait une faction ou un membre important de Syriza qui veuille prendre la responsabilité de faire échouer M. Tsipras”.

Par ailleurs, une vingtaine d’intellectuels français et allemands a publié vendredi une tribune dans le journal allemand Süddeutsche Zeitung en faveur du maintien de la Grèce dans la zone euro.

Ils demandent à la fois au gouvernement grec de montrer sa volonté de coopérer avec les Européens afin de restaurer la confiance et les investissements dans le pays, et aux Européens d’apporter le signe qu’ils sont prêts à soutenir davantage la Grèce financièrement.