Le régime alimentaire méditerranéen est déclaré “patrimoine immatériel de l’humanité”

Par : TAP

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La diète méditerranéenne a été officiellement déclarée “Patrimoine immatériel de l’humanité” par l’UNESCO, car elle est le reflet d’un patrimoine culinaire et culturel aussi riche que précieux.

Cette reconnaissance se base sur l’idée que ce mode d’alimentation n’est pas seulement un modèle de régime alimentaire mais “un ensemble de pratiques et de traditions qui vont de la nature directement à votre table”. C’est un mode de vie qui associe tous les bienfaits sociaux, économiques et culturels liés à la diète méditerranéenne.

Un grand projet euro-méditerranéen (2013-2017) a été lancé pour promouvoir le régime alimentaire méditerranéen et valoriser les produits du terroir, moyennant un budget global de près de 5 millions d’euros, dont 750.000 euros sont alloués à la Tunisie.

L’un des objectifs du projet MedDiet est de faire revivre des traditions culinaires ancestrales très saines, mais peu à peu délaissées et contrer un changement inquiétant d’habitudes alimentaires, notamment, chez les jeunes intéressés beaucoup plus par le fast-food.

Création d’un label qualité “MedDiet”

Dans le cadre de ce projet, un label qualité “MedDiet” a été crée pour les restaurants des pays méditerranéens, en vue de les encourager à présenter à leur clientèle des repas plus sains assaisonnés d’huile d’olive, avec davantage de légumes et de céréales.

En Tunisie, un programme d’assistance technique a touché déjà 40 restaurants parmi 60 ciblés, lesquels bénéficient d’une assistance pour répondre aux critères requis et recevoir gratuitement le Label MedDiet. Jusqu’à ce jour, 4 restaurants dans les régions de Sousse, Tunis et Cap Bon ont été labellisés.

Dans le régime alimentaire méditerranéen, les trois repas principaux doivent contenir trois éléments de base qu’on peut aussi consommer tout le long de la journée. Il s’agit d’une à deux portions de fruit par repas, une à deux portions de céréales par repas (pain, pâte, riz, couscous et autres) et plus de deux portions de légumes par repas, dont une au moins doit être consommée crue.

La MeDdiet recommande aussi, une bonne hydratation, soit une moyenne de 1,5 à 2 litres d’eau par jour.

De tous les projets de coopération transfrontalière, ce projet est probablement celui qui présente le plus un visage humain puisqu’il s’articule autour de la nourriture et cible la santé et le bien-être des individus, qu’ils soient au sud ou au nord de la Méditerranée.

En plus, d’après les coordinateurs du projet en Tunisie, MedDiet tend à sauvegarder un patrimoine culinaire et culturel commun reconnu par les scientifiques comme modèle à suivre vu son effet protecteur contre diverses maladies, notamment, l’obésité, l’hypertension artérielle et le diabète.

Un patrimoine culinaire qui pérennise l’agriculture

Le projet, initié dans le cadre de la nouvelle politique européenne de voisinage (IEVP) est également stratégique parce qu’il cible l’amélioration de la santé de la population et la réduction des charges de santé. Ses objectifs indirects concernent la pérennité de l’agriculture, l’amélioration du revenu des agriculteurs, notamment les petits producteurs et la préservation des produits du terroir.

Son point fort réside encore dans la participation de la femme rurale à la valorisation de ces produits, laquelle contribue par conséquent, au développement régional, à la réduction du chômage et à la sécurité alimentaire de la population.

Le projet associe 14 partenaires de 6 pays méditerranéens (Espagne, Italie, Grèce, Liban, Egypte et Tunisie).

En Tunisie, des actions de sensibilisation ont été menées dans les gouvernorats de Béja, Bizerte, Tunis, Nabeul, Sousse, Monastir, Mahdia et Sfax et touché un grand nombre de consommateurs et restaurateurs.

Dans chaque gouvernorat, une thématique spécifique est traitée en fonction de la spécialité de la région et des bonnes pratiques (huile d’olive à Sousse, épices et plantes aromatiques à Nabeul, pâtes fraîches à Bizerte, la Oula à Sfax, les fromages de brebis à Béja).

Le président de chambre nationale des restaurateurs (UTICA), Abderrazek Sanhaji, s’est dit très content de ce projet, mais n’est pas sûr de réussir à convaincre la jeune génération de bouder le fast food et de “préférer un couscous aux légumes à un hamburger”.

“Le dispositif publicitaire mobilisé par les grandes firmes de restauration reste difficile à concurrencer et le mode de vie contemporain joue en faveur de la restauration rapide et du prêt-à-manger”, a-t-il laissé entendre.

Pour cela, il faut aller plus loin, d’après lui, jusqu’aux familles, aux mères, aux quartiers et aux établissements scolaires, pour sensibiliser les gens aux bienfaits des habitudes alimentaires saines basées sur les légumes et les céréales.

“Nous sommes allés aux restaurants touristiques et autres, certains ont adhéré et d’autres sont réticents et se plaignent de la hausse des prix de l’huile d’olive par exemple”, a-t-il dit, rappelant qu’il y a environ 4.500 restaurants dans le Grand Tunis.

Le responsable a affirmé qu’il faut un travail de sensibilisation énorme, à travers, les programmes d’éducation, les médias et autres supports, pour faire revivre la cuisine “grand mère” en Tunisie, celle qui associe simplicité, régal et convivialité.

Les participants à la rencontre MedDiet à Gammarth ont partagé ce sentiment et cet air de nostalgie des temps de la Oula, des petits déjeuners à base de pain frais et d’huile d’olive et des repas conviviaux avec la famille.

Pourtant, certains sceptiques qui se sont demandés à cette occasion, “pourquoi faut-t-il attendre des initiatives de l’extérieur pour faire revivre notre patrimoine culinaire tunisien et promouvoir nos produits du terroir?”.

D’autant plus que l’association “Authenticité et patrimoine de Bizerte” n’a pas trouvé d’appui de la part des ministères du tourisme, du commerce et d’autres structures pour développer le festival “La Saveur Méditerranéenne” qui valorise l’huile d’olive et les produits du terroir dans le bassin méditerranéen et “fait exactement ce que fait le projet MedDiet, sans en avoir les moyens”, selon une membre de l’association présent à cette rencontre.