«Je vous ai compris». En empruntant cette célèbre phrase de Charles De Gaulle, Slim Chaker voulait calmer et rassurer les adhérents de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI) qui, en ce jeudi 14 mai 2015, ont donné de la voix, par l’intermédiaire de trois porte-paroles –en l’occurrence Fouad Lakhoua, président, Rached Fourati, président de la commission de la fiscalité, et Ahmed El Karm- pour dire tout le mal qu’ils pensent de la situation actuelle dans le pays et des entraves que l’Etat en général et l’administration en particulier mettent sur leur chemin d’entrepreneurs.
«La situation est difficile à plus d’un titre», commence le président de la CTFCI en guise d’introduction. Pour enchaîner sur la réforme fiscale qui «soulève quelques questions concernant les délais et certains aspects» et se plaindre que ce soient «toujours les sociétés organisées et transparentes qui sont contrôlées» par le fisc. Donc, il y a lieu de desserrer un peu l’étau.
Autre revendication: le «retour de la sécurité, de la stabilité sociale et notamment du respect de la loi» -«certains trouvent anormal qu’un petit groupe de personnes bloque l’activité des entreprises» en toute impunité- qui «nécessite une dose de courage de la part des autorités». Car, sans cela «les réformes ne donneront pas leurs résultats».
L’investissement intérieur étant, selon lui, le «seul moyen de convaincre l’investisseur étranger» d’investir, Rached Fourati appelle à «laisser en paix les entreprises et les personnes à jour de leurs déclarations» et réclame une série de mesures pour améliorer le vécu fiscal des entreprises. Qui vont de l’amélioration du dispositif de restitution de la TVA et du crédit d’impôt, à supprimer l’obligation de payer 20% du montant de l’impôt contesté, en passant par la mise au point d’«une procédure de change simple pour permettre aux entreprises d’encaisser en dinars leurs ventes sur le marché local» et la révision du «mille feuilles indigeste» des formalités de la retenue à la source.
Rappelant que «la Tunisie est en crise», qu’elle est considérée «comme un pays risqué sur le plan financier» et qu’avec le gouvernement de coalition qu’elle a depuis le début de l’année, il sera difficile de mettre en œuvre les réformes requises pour redresser la barre, Ahmed El Karm suggère de se donner le temps de bien préparer celles-ci et d’«appeler tout le monde à appliquer la loi. Car l’application de la loi nous donnera 2 à 3 points de croissance».
Enfin, pour relancer la machine économique, le vice-président directeur général d’Amen Bank suggère de formuler et de mettre en œuvre des «idées généreuses», comme le partenariat public-privé, concrétiser la politique de réconciliation nationale –et «lui donner un contenu économique»-, décréter une amnistie de change et une amnistie fiscale et rendre le dinar convertible.
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