éricaine Citigroup, Tom Hayes, le 20 juin 2013 à Londres, accusé de manipulations sur le marché bancaire (Photo : Andrew Cowie) |
[26/05/2015 09:13:50] Londres (AFP) Un tribunal de Londres juge à partir de ce mardi un trader accusé d’avoir manipulé le taux de référence Libor, le premier procès du genre dans ce scandale qui a coûté des milliards aux banques et entaché leur réputation.
Tom Hayes, un ancien courtier de la banque suisse UBS puis de sa concurrente américaine Citigroup, va comparaître pendant plusieurs semaines devant le tribunal de Southwark, sur la rive sud de la Tamise, à un jet de pierre de la City.
Il est arrivé peu après 08H00 (07H00 GMT) en tenant sa compagne par la main. Sans cravate, l’air tendu, il n’a pas souhaité parler aux journalistes présents.
L’audience, suivie par de nombreux médias, devait débuter vers 10H00 (09H00 GMT).
D’après l’Office britannique de lutte contre la délinquance financière (SFO), M. Hayes était au coeur d’un système de collusion instauré du milieu à la fin des années 2000 avec d’autres traders des mêmes banques mais aussi d’autres établissements, visant à influencer dans leur intérêt le niveau du Libor (London Interbank Offered Rate).
Ce taux interbancaire fixé à Londres sert de référence pour de nombreux produits financiers, du compte épargne le plus classique au produit dérivé complexe, en passant par les emprunts immobiliers, les crédits à la consommation, les prêts aux entreprises et aux autorités publiques. Il concerne au total des centaines de milliers de milliards de dollars de transactions par an à travers le monde.
M. Hayes a plaidé non-coupable, tout comme d’autres courtiers inculpés dans cette affaire et qui devraient à leur tour être jugés d’ici à la fin de l’année dans la capitale britannique. Des courtiers sont aussi poursuivis aux États-Unis pour des motifs similaires.
Le scandale du Libor, qui a touché de nombreux grands établissement financiers, avait éclaté au grand jour en 2012 lorsque la banque britannique Barclays avait révélé qu’elle devait payer 290 millions de livres pour mettre fin à des enquêtes au Royaume-Uni et aux États-Unis.
D’autres institutions financières (comme UBS, RBS ou Rabobank) ont dû depuis payer des pénalités aux autorités de régulation et judiciaires, notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni, poumons de la finance mondiale. Dernière en date, l’allemande Deutsche Bank a accepté fin avril de verser une amende globale de 2,51 milliards de dollars aux autorités américaines et britanniques pour échapper à des poursuites pénales.
A la suite du scandale du Libor, le Royaume-Uni a aussi renforcé sa législation pour tenter de redorer le blason de la City, permettant d’envoyer en prison les banquiers coupables de manipulations.
Depuis, les accusations de manipulation se sont étendues à d’autres marchés, notamment au très important marché des changes, et les banques sont sous une pression accrue de la part des régulateurs.
Six grandes banques internationales ont ainsi écopé la semaine dernière d’amendes portant sur près de six milliards de dollars pour avoir notamment manipulé des taux de changes entre 2007 et 2013. Ceci a porté à plus de 9 milliards de dollars la facture totale acquittée jusqu’ici par les grands établissements dans ce nouveau scandale.