étrangers (Photo : Philippe Huguen) |
[27/05/2015 05:20:53] Paris (AFP) Portée par la reprise européenne et le recul de l’euro, la France a attiré en 2014 un nombre record de projets d’investissement étrangers mais se distingue par un recul des créations d’emplois de ces implantations, selon le baromètre annuel du cabinet EY.
Avec 608 projets d’extension ou d’implantation, 18% de plus qu’en 2013, la France a largement dépassé la progression moyenne de 10% enregistrée par les 43 pays d’accueil européens, dont la Russie et la Turquie, pris en compte dans cette étude diffusée mercredi.
En revanche, alors que ces projets s’accompagnent en moyenne d’une hausse de 12% des emplois créés, la France a vu les extensions et créations de sites étrangers créer 12.577 emplois en 2014, soit 11% de moins que l’année précédente. Elle se place au quatrième rang en nombre de créations d’emplois mais, parmi les quinze premiers sur ce critère, elle n’est accompagnée que de la Serbie, la Turquie et l’Espagne pour afficher une évolution négative de ce chiffre.
De plus, jamais le nombre d’emplois moyen par projet (20) n’avait été aussi bas.
“On a un vrai effet ciseau qui se traduit dans le fait que les projets portés par les investisseurs internationaux augmentent, mais ne créent pas beaucoup d?emplois. Par exemple, les projets industriels sont à 80% des extensions et seulement à 20% des nouvelles implantations”, a déclaré à l’AFP Marc Lhermitte, partenaire d’EY (ex-Ernst & Young). Plus précisément, 188 extensions ont été enregistrées contre 43 créations et les fermetures, au nombre de 49, annulent les créations.
Mais sur ces sites industriels, la France est depuis 15 ans la première destination en Europe et l’est restée en 2014. Le “top 5” dans ce domaine est donc mené par la France (231 projets mais seulement 20 emplois en moyenne), suivie du Royaume Uni (164 projets et 71 emplois), puis de l’Allemagne (131 projets, 39 emplois), de la Pologne (74 projets et 139 emplois par projet) et de la Russie, avec 69 projets très porteurs d’emplois (262 en moyenne).
“Les handicaps structurels du site France s’intensifient et expliquent en grande partie cette prudence et cette dynamique corrective plus que créative”, commentent les auteurs de l’enquête réalisée auprès de 2.000 sources (organisations publique, presse, entreprises) et, en ce qui concerne la perception de la France, auprès de 206 dirigeants interrogés en janvier 2015.
Ces derniers estiment à 44% (contre 35% l’an dernier) que la France doit alléger le coût du travail. La deuxième mesure citée est l’allégement des contraintes administratives et juridiques des entreprises (40% contre 33%).
“Pour beaucoup, de l’extérieur, la France est toujours connue pour les 35 heures et les 75% quand bien même on est loin de la réalité du quotidien”, commente M. Lhermitte.
Une allusion à la promesse de campagne du président François Hollande de porter le total des prélèvements obligatoires à 75% pour la partie des revenus dépassant un million d’euros par an, mesure qui a été appliquée en 2013 et 2014, et au temps légal de travail hebdomadaire de 35 heures soumis à des aménagements dans les entreprises.
“Les dirigeants de filiales savent très bien que la réalité a dépassé ces deux symboles mais leurs maisons-mère et les médias restent beaucoup là-dessus, alors que le coût du travail dans l’industrie est légèrement redescendu en dessous de celui de l’Allemagne”, estime M. Lhermitte.
“Pendant cette période très difficile des cinq à sept dernières années, où l’attractivité de la France et la patience des investisseurs se sont érodées, nous avons perdu sur deux tableaux: les sièges sociaux et les investisseurs venus des économies émergentes”, dit-il.
“Au moment où les entreprises chinoises s’implantent en Europe pour acquérir des marques, développer des activités commerciales ou industrielles, nous ne sommes pas encore au rendez-vous (de leurs premières implantations). La tendance est la même sur les investissements indiens”, ajoute-t-il.
Les investissements chinois sont passés de 6 à 14 puis 17 ces trois dernières années, contre 46, 68 et 79 en Allemagne, selon l’étude.