” (Photo : Fabrice Coffrini) |
[27/05/2015 12:55:24] Paris (AFP) “Nous n’avons que des montres très connectées à l’affectif”: pour le joaillier Cartier, hors de question de se lancer dans la course à la montre connectée, “utile” certes mais privée de “lien fort” avec son propriétaire, confie à l’AFP son PDG Stanislas de Quercize.
La maison a rouvert lundi sa boutique emblématique des Champs-Elysées après huit mois de travaux, dans le cadre d’une série de rénovations et d’ouvertures de nouveaux espaces dans le monde où elle compte un total de 286 boutiques.
“On continue à la fois de rénover et d’ouvrir des boutiques”, souligne M. de Quercize, évoquant les travaux en cours dans la “Mansion” sur la Cinquième avenue à New York – soit le manoir acheté par les frères Cartier dès 1917 et qui doit rouvrir au printemps 2016 – ou encore la rénovation de son magasin-amiral à Tokyo qui rouvrira en octobre 2016.
Un espace “sur la plus belle avenue du monde est complémentaire à nos autres boutiques, comme celle d’origine rue de la Paix où vient plus une clientèle d’initiés. Les Champs-Elysées, c’est l’ouverture sur le monde” pour le président de Cartier depuis fin 2012.
Fluctuations monétaires, flambée du franc suisse, instabilité à Hong Kong, mesures anti-corruption en Chine (qui ont mis un coup d’arrêt aux cadeaux d’affaires), le tout sur fond de crise: le secteur du luxe est lui aussi confronté à de multiples changements et les grandes marques doivent varier leur stratégies pour continuer à vendre.
“Nous nous adaptons en faisant ce qu’il y a de meilleur en joaillerie et en horlogerie, et en le distribuant de la plus belle façon qui soit: ce degré d’exigence est renforcé lorsqu’il y a des moments plus turbulents”, résume Stanislas de Quercize.
“Dans ces moments-là, les hommes et les femmes achètent avec leur coeur mais aussi avec leur intelligence, ils veulent être sûrs qu’ils font le bon choix, qu’on va pouvoir transmettre de génération en génération. Ils choisissent avec beaucoup plus d’attention en se disant: +le mieux, ou rien+”, et une marque comme Cartier “rassure”, selon lui.
– Refléter “la préciosité du temps” –
Depuis la création de la maison en 1847 à Paris, “vous vous imaginez le nombre de turbulences monétaires, de crises, de guerres mondiales, cela fait partie de la vie. Mais ce qui reste, ce sont les bijoux et l’horlogerie”, souligne le dirigeant de l’entreprise, qui ne communique pas ses résultats financiers.
à Paris (Photo : Martin Bureau) |
Cartier est la plus grosse filiale du groupe suisse Richemont, numéro deux mondial du luxe derrière le Français LVMH, qui compte des marques de référence dont Van Cleef & Arpels ou Jaeger-LeCoultre. Richemont a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 10,4 milliards d’euros, et un bénéfice net de 1,3 milliard d’euros.
En janvier, Cartier a relevé ses prix de 5% pour tenir compte à la fois “des augmentations annuelles et de la volonté que nos prix soient au même niveau partout dans le monde, sans compter les taxes locales et les droits de douane”.
Concernant plus particulièrement l’horlogerie, secteur à la peine pour tous les fabricants, le groupe s’appuie sur ses montres iconiques comme les modèles Tank et Ballon Bleu, “qui continuent à très bien se vendre”, mais lance aussi de nouveaux modèles, comme la montre Clé.
ées Apple avant leur lancement, le 10 avril 2015 à Tokyo (Photo : Toshifumi Kitamura) |
Mais à la question de savoir si le célèbre joaillier va se lancer dans la course à la montre connectée, la réponse est un “non” très clair. “Je crois beaucoup aux montres connectées: connectées à l’affectif!”, ironise M. de Quercize.
Pour lui, la montre connectée à internet “est tout à fait complémentaire” d’une montre classique, et est “une autre façon d’avoir des informations, mais cela n’a pas du tout la même valeur: quand on regarde l’heure sur un smartphone ou une montre connectée, elle ne vous dit pas la préciosité du temps qui passe”.
“Il y a de l’utilité, mais pas d’affection” avec une montre connectée, “alors que toutes nos montres sont fortement connectées à l’affectif”, résume Stanislas de Quercize.