A Dresde, l’ombre de deux absents, la Grèce et la Chine, plane sur le G7 Finances

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ésentant Angela Merkel, David Cameron et Shinzo Abe flottent à Dresde, installés par des personnes protestant contre la réunion des ministres des Finances du G7 (Photo : ROBERT MICHAEL)

[28/05/2015 07:15:17] Dresde (Allemagne) (AFP) Ministres des Finances et banquiers centraux du G7 ont mis au programme de leurs discussions à Dresde jeudi la croissance mondiale et l’harmonisation fiscale mais ce sont aussi deux absents, la Chine et la Grèce, qui occuperont pensées et débats.

Les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des Etats-Unis, du Canada, du Japon, d’Allemagne, de France, du Royaume-Uni et de l’Italie sont réunis jusqu’à vendredi dans la capitale saxonne – choisie par l’hôte, le grand argentier allemand Wolfgang Schäuble, pour le renouveau de l’Est allemand qu’elle incarne.

La manifestation, qui se veut aussi un “brainstorming” avant le sommet du G7 des chefs d’Etat et gouvernement les 7 et 8 juin en Bavière, a débuté mercredi soir par une cérémonie dans la Frauenkirche, église emblématique détruite par les bombardements alliés en février 1945 et patiemment reconstruite après la Réunification.

Estimant que le lieu rappelait “le tribut de la destruction” infligé par la guerre, le ministre des Finances britannique George Osborne y a exhorté ses partenaires à être “ambitieux” dans leurs débats et rester “unis” dans leurs objectifs communs.

La présidence allemande a beau insister sur le fait que le dossier grec n’est pas à l’agenda – ce n’est pas le bon format, les Grecs ne sont pas représentés -, beaucoup des acteurs clés sont là, dont la directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI) Christine Lagarde, et le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi.

– Impatience –

Le sujet est dans toutes les têtes, alors que le gouvernement grec a fait état mercredi d’une ébauche d’accord avec ses créanciers. M. Schäuble a démenti dans la soirée, jugeant que les négociations “n’avaient pas encore beaucoup avancé” et se disant “surpris” des annonces d’Athènes.

Les partenaires non-Européens du G7 s’impatientent eux aussi.

“Tout le monde doit mettre les bouchées doubles, (…) et trouver une solution”, a plaidé mercredi à Londres le secrétaire d’Etat au Trésor Jack Lew, avant de rejoindre Dresde.

Et pour son confrère canadien Joe Oliver, la crise grecque “encore irrésolue” est, au même titre que les conflits en Ukraine, en Irak, en Syrie et ailleurs, un facteur qui “exacerbe les risques” pesant sur une économie mondiale toujours fragile.

Les perspectives de celle-ci et les moyens de rendre la croissance plus pérenne seront au menu des discussions, que Berlin souhaite “ouvertes” et informelles. La réunion débutera jeudi par un symposium réunissant les participants et sept économistes de renom, pour “un échange de vues”. Pour éviter de perdre du temps sur les formulations à la virgule près d’un communiqué consensuel, le G7 Finances s’en passera cette fois-ci, a décidé l’Allemagne.

Les appels à l’Allemagne à en faire plus pour la croissance, fréquents dans ce type de manifestation l’an dernier, se sont radoucis, estime-t-on dans les délégations, où l’on préfère mettre en avant la lutte contre l’évasion fiscale et contre le financement du terrorisme, ou encore la régulation financière. La volatilité des marchés financiers s’invitera sans doute dans les débats, avec un appel à “la vigilance” pour éviter “l’émergence de bulles”, selon une source française.

– La Chine sur la sellette –

Les sujets plus d’actualité, comme l’Ukraine et sa situation financière, ou une possible aide financière au Népal sinistré début mai par un gigantesque séisme, devraient être abordés formellement lors d’une séance de travail “fourre-tout” vendredi matin. Devrait y avoir sa place aussi le positionnement des partenaires sur la nouvelle banque d’investissement mise sur pied par la Chine, à laquelle les Européens du G7 veulent participer mais pas Washington, et la question de la devise chinoise, dont Pékin aimerait qu’elle rejoigne le panier des droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI.

Ce même FMI a attisé cette semaine la dispute entre Pékin et Washington sur la valeur du renminbi, en affirmant que contrairement à ce que soutiennent les Etats-Unis, la devise chinoise n’est pas sous-évaluée. M. Lew s’est empressé de prendre le contre-pied de cette position.

De manière générale, au G7, “il y a une préoccupation commune qui est d’acompagner la Chine vers la prise de toutes les responsabilités qui vont avec sa place dans le concert des puissances économiques mondiales”, fait-on valoir dans l’entourage du ministre français Michel Sapin.