émie: le groupe pharmaceutique Sanofi mise sur de nouveaux produits lancés cette année et sur une gamme de solutions technologiques, pour consolider ses positions dans le traitement du diabète (Photo : Eric Piermont) |
[28/05/2015 08:17:24] Francfort (AFP) Nouvelle insuline Toujeo, stylos injecteurs ou lecteurs de glycémie: le groupe pharmaceutique Sanofi mise sur de nouveaux produits lancés cette année et sur une gamme de solutions technologiques, pour consolider ses positions dans le traitement du diabète qui représente plus de 20% de ses ventes.
Sanofi doit aussi préparer la relève de son produit phare, l’insuline Lantus, dont les brevets sont à échéance en 2015 (depuis février aux Etats-Unis et en mai en Europe), avec comme conséquence l’arrivée possible de “bio-similaires” sur le marché. Le groupe a dû aussi consentir des baisses de prix pour Lantus aux Etats-Unis, qui vont pénaliser l’activité diabète cette année.
Les ventes de Lantus atteignaient 6,3 milliards d’euros en 2014, ce qui en faisait de très loin le premier médicament de Sanofi, sur 33,8 milliards de chiffre d’affaires pour l’ensemble du groupe.
Ce produit est fabriqué à Francfort, qui abrite le centre mondial de production de médicaments contre le diabète de Sanofi, ainsi que la recherche et développement.
Le groupe a investi 1,3 milliard d’euros ces quinze dernières années sur ce site, baptisé “Insulin City”, dont 250 millions d’euros dans de nouvelles unités de production de principes actifs et 150 millions d’euros dans des lignes de fabrication de dispositifs techniques comme des stylos injecteurs, a indiqué Jochen Maas, responsable des activités de R&D sur le site de Francfort, lors d’une rencontre avec la presse.
Outre Lantus, qui est exporté à 95%, le site a engagé la production de Toujeo, une forme plus concentrée d’insuline qui a obtenu récemment le feu vert des autorités américaine et européenne. Toujeo a été lancé il y a 3 mois aux Etats-Unis et vient d’être mis sur le marché en Allemagne, avant les pays scandinaves et la Belgique prochainement. La France où le laboratoire doit encore obtenir un prix de remboursement, suivra, probablement début 2016.
Aux Etats-Unis, “les débuts sont extrêmement prometteurs, les retours des médecins et des patients sont extrêmement positifs”, a déclaré à l’AFP Pierre Chancel, responsable Monde de la division diabète.
Pour “une part importante”, le choix de Toujeo concerne des utilisateurs “des insulines (de base) déjà sur le marché dont Lantus”, ajoute-t-il. Le groupe espère qu’un nombre “substantiel” de patients traités avec Lantus adopteront Toujeo.
— des solutions diversifiées —
“C’est clairement un lancement important”, confirme Marc-Antoine Lucchini, PDG de Sanofi France. “Il y a un besoin médical et ce produit va y répondre”, estime-t-il.
Parallèlement aux nouveaux traitements, Sanofi veut développer “une approche globale”, souligne M. Chancel. “Le patient diabétique doit être informé, éduqué” grâce à “un portefeuille d’aides, de services pour l’aider à mieux gérer sa maladie”.
Le diabète demande “une réponse de plus en plus diversifiée, complémentaire entre une offre thérapeutique, des solutions intégrées et une offre technologique”, ajoute Marc-Antoine Lucchini.
Dans le domaine thérapeutique, Sanofi vient de lancer aux Etats-Unis une insuline à inhaler, Afrezza, qui peut être une alternative aux injections.
D’autres solutions prometteuses, comme la thérapie cellulaire pour rétablir la production d’insuline ou la mise au point d’un “pancréas artificiel”, sont encore au stade de la recherche. Jochen Maas envisage leur arrivée “vers 2025”.
Sur le plan technologique, le groupe met l’accent sur des produits comme un stylo injecteur d’insuline dédié aux enfants, des lecteurs de glycémie pouvant être connectés, ou une application pour smartphone qui alerte sur le taux de glycémie.
Sanofi participe également au programme Diabeo de télémédecine sur le suivi à distance de 700 patients en France.
Le diabète apparaît désormais comme “une épidémie mondiale”, a souligné Agnès Magnen, directrice diabète France. Plus de 350 millions de personnes sont touchées dans le monde, et la prévision atteint 592 millions à l’horizon 2035, a-t-elle ajouté. En France, la croissance du diabète est de 5,4% par an.
La division diabète est “stratégique pour Sanofi”, a résumé Pierre Chancel. Le groupe est également “très présent” dans les marchés émergents, où la maladie progresse rapidement, et entend “continuer de s’y développer”, selon M. Chancel.
Le chiffre d’affaires du pôle diabète de Sanofi s’élevait à 7,3 milliards d’euros en 2014, pour un marché mondial estimé à 23 milliards de dollars par la société de biotechnologies Adocia.
Pour l’heure, aucun “bio-similaire” de Lantus n’est arrivé sur le marché. Début 2014, Sanofi a engagé une action judiciaire contre l’américain Eli Lilly qu’il accuse d’avoir violé plusieurs de ses brevets.