L’élection du nouveau président de la Banque africaine de développement (BAD), un des principaux bailleurs de fonds en Afrique, a lieu ce jeudi 28 mai à Abidjan (Côte d’Ivoire), dans le cadre des assemblées annuelles de la BAD qui se tiennent du 25 au 29 mai 2015.
Huit candidats dont l’ancien ministre tunisien des Finances, Jalloul Ayed, sont en lice. «Le candidat tunisien possède des chances réelles», selon le ministre des Affaires étrangères, Taieb Baccouche, «mais la partie ne va pas être facile», a-t-il encore dit, à l’agence TAP.
La concurrence sera rude
Parmi les prétendants au poste, figurent plusieurs autres ministres des Finances ou et de l’Economie ou du Plan, en l’occurrence ceux de l’Ethiopie (Sufian Ahmed), et du Tchad (Kordjé Bedoumra). La candidate Cap-verdienne (Cristina Duarte) n’est pas à négliger, dont le statut de femme peut constituer un avantage, selon les observateurs.
Les autres candidats sont le ministre des Affaires étrangères de Sierra Léone, Samura Kamara, le zimbabwéen, Thomas Zondo (fonctionnaire à la BAD), le Malien Brirama Sidibé (vice-président de la BID) et le ministre nigérian de l’agriculture, Akinwumi Adesina.
Si conformément à l’article 36 de l’accord de la banque, le candidat à la présidence de la BAD doit être une personnalité disposant «d’une plus haute compétence dans les domaines qui concernent les activités, la gestion et l’administration de la Banque», son profil demeure, cependant, d’une importance secondaire, par rapport aux considérations d’ordre politique qui entrent en jeu lors des élections, selon l’expert en relations internationales Abdelmajid Abdelli. Parmi ces considérations, l’appartenance géographique et régionale du pays du candidat, son poids dans l’échiquier de la région, le dynamisme de sa diplomatie et son poids électoral.
L’appartenance du candidat à l’Afrique francophone ou anglophone entrent également, en considération.
L’alternance entre des présidents issus d’un pays relevant de l’une ou l’autre constitue ainsi un argument que les gouverneurs de certains pays peuvent faire valoir pour départager entre les candidats. Cette alternance a été bien respectée lors des dernières décennies. L’actuel président de la BAD, Donald Kaberuka, est de nationalité rwandaise (anglophone) et a succédé au Marocain (Francophone) Omar Kabbaj.
Le vote étant proportionnel par rapport aux parts possédées dans le capital de la banque, des pays africains, tels que le Nigeria, l’Egypte, l’Afrique du Sud et l’Algérie qui possèdent respectivement plus de 9%, 5%, 4,8% et 4,21% des voix, pèsent lourds.
Idem pour des pays non régionaux actionnaires de la banque, à l’instar des Etats-Unis, du Japon, de l’Allemagne, du Canada, de la France et de l’Italie qui ont respectivement plus de 6%, 5%, 4%, 3,79%, 3,75%, selon l’état des pouvoirs de vote au sein de la banque arrêté le 30 avril 2015.
D’après le statut de la BAD, l’heureux élu doit pouvoir rassembler 50,01% des pouvoirs de votes de pays membres régionaux (africains) et autant pour les votes des pays membres non régionaux.
Plusieurs tours de votes peuvent ne pas suffire
En raison de la multiplicité des candidatures et l’importance des enjeux, les pronostics s’attendent à des élections à plusieurs tours. Quant au candidat de la Tunisie, pays ayant abrité la BAD de 2003 à 2014, il a entamé sa campagne pour le poste depuis septembre 2014, mettant en avant sa carrière de banquier à l’international et son passage au ministère des Finances juste après le 14 janvier.
Après l’annonce officielle de cette candidature en octobre 2014, le soutien officiel à cette dernière est resté peu visible jusqu’à l’installation des nouveaux pouvoirs. C’est à ce moment là que le chef de la diplomatie tunisienne s’est manifesté et a parlé d’un soutien diplomatique et matériel au candidat.
En avril dernier, la candidature de Ayed a été présentée, comme étant une démarche concrétisant la nouvelle stratégie de la diplomatie tunisienne en Afrique avec au programme l’envoi d’émissaires tunisiens à l’étranger, pour recueillir le soutien au candidat du pays.
A cet égard, et afin d’augmenter les chances de son candidat à ce poste, le gouvernement tunisien a retiré la candidature de Nidhal Ouerfelli, ancien ministre chargé des dossiers économique pour un poste au sein de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), a affirmé Taieb Baccouche à l’Agence TAP.
Au moment de la présentation des candidatures à la présidence de la BAD, en Janvier dernier, le candidat tunisien a pu bénéficier du parrainage de la Libye et du Maroc. Il devrait pouvoir bénéficier de l’appui de l’ensemble des pays de l’Afrique du Nord, lesquels possèdent ensemble plus de 16% des voix.
Jalloul Ayed a déjà exprimé l’espoir d’obtenir cet appui, ce qui lui permettra de dépasser les premiers tours. Obtenir l’appui des pays du Maghreb et de l’Egypte «me donnerait des chances réelles pour accéder au troisième tour», a-t-il confié à l’agence TAP. Cependant, dans la course pour la présidence de la prestigieuse institution financière internationale, les surprises ne sont pas à écarter y compris celle de reporter les élections, si les cinq tours d’élection, prévus par le règlement de la banque, sont épuisés.