Allemagne, le 28 juin 2012 (Photo : Thomas Kienzle) |
[28/05/2015 15:15:59] Berlin (AFP) La sortie du nucléaire décidée par l’Allemagne à l’horizon 2022 ne mettra pas en péril l’approvisionnement en électricité du pays, mais le coût du démantèlement des centrales risque d’être plus élevé que prévu, selon une étude présentée jeudi.
“En Allemagne, est déjà produit aujourd’hui bien plus d’électricité que nous n’en consommons. (…) Aussi en 2025, nous aurons encore assez d’électricité et pourrons en exporter une partie à l’étranger”, a assuré Claudia Kemfert, responsable du département énergie et environnement à l’institut de recherche DIW, l’une des auteurs de l’étude.
Seulement aux heures de pointe, l’Allemagne aura besoin d’importer de l’électricité de ses pays voisins, notamment Autriche, Pologne ou Pays-Bas.
L’arrêt progressif des neuf centrales nucléaires encore en activité dans le pays ne devrait pas entraîner de flambée du prix de l’électricité mais seulement une faible hausse, et donc n’aura “pas de grosse conséquence pour les consommateurs”, a souligné M. Kemfert, lors d’une conférence de presse.
Par ailleurs, les émissions de CO2 de l’Allemagne, plus gros pollueur européen, devraient diminuer, anticipe également le DIW, alors que la fin progressive du nucléaire est compensée essentiellement par les énergies renouvelables.
En revanche la problématique du démantèlement des centrales et du stockage des déchets nucléaires reste entière et son coût encore incertain.
“Les provisions des opérateurs de centrales nucléaires ne devraient pas suffire”, avance l’étude du DIW.
Pour l’heure, les entreprises opérant des centrales nucléaires en Allemagne, EON, RWE, Vattenfall et EnBW, ont provisionné au total 38 milliards d’euros, rappelle le DIW, alors que les estimations actuelles portent plutôt sur des dépenses allant de 50 à 70 milliards.
Pour limiter la facture, Vattenfall et EON ont annoncé jeudi une coopération dans le démantèlement des centrales qu’ils opéraient en commun.
Un des grosses inconnues est que l’Allemagne tergiverse toujours pour déterminer un site définitif de stockage des déchets nucléaires. Pour l’heure, les opérateurs stockent les déchets dans des sites provisoires.
Par ailleurs, alors que cette transition énergétique voulue à marche rapide par l’Allemagne, couplée à la chute du prix de gros de l’électricité, pèsent fortement sur les comptes financiers des énergéticiens, la question se pose du sort de ces réserves financières en cas de faillite d’un des groupes.
C’est notamment pour répondre à cette inconnue que le DIW propose la création d’un fonds de droit public dans lequel seraient rassemblées l’ensemble des provisions, et vu l’incertitude concernant la facture finale, le législateur devrait également faire prévoir des réserves supplémentaires pour les coûts non prévus.
Les quatre opérateurs nucléaires allemands ont selon la presse allemande formulé une requête similaire auprès du gouvernement l’an dernier, qui est pour le moment restée sans suite.