Climat : à six mois de Paris, les négociateurs priés de passer à la vitesse supérieure

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érence internationale sur le climat COP21, au Bourget près de Paris le 6 mai 2015 (Photo : Lionel Bonaventure)

[29/05/2015 09:47:46] Paris (AFP) Les négociateurs climat de 195 pays ont rendez-vous à Bonn à partir de lundi pour dix jours, une étape clé sur la route semée d’embûches qui doit les mener, dans six mois à Paris, à un accord mondial pour limiter le réchauffement de la planète.

“Nous n’attendons pas de miracle”, a prévenu la négociatrice française Laurence Tubiana, mais “on va voir si on entre dans un mode de négociation actif ou si les parties vont encore attendre”.

Les délégués ont désormais sur la table un projet de texte accepté par tous, mais qui a le défaut de contenir toutes les options possibles sur les grands sujets de la négociation: l’objectif de long terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’aide à l’adaptation au changement climatique, les actions d’ici 2020 et leur financement, la répartition de l’effort entre pays riches et en voie de développement, l’évaluation des engagements et le mécanisme pour les réviser à la hausse, les moyens de les vérifier, la forme juridique de l’accord.

Ce texte de plus de 80 pages est issu des discussions de février à Genève, qui s’étaient déroulées dans une atmosphère très consensuelle. Mais des arbitrages vont maintenant devoir être faits. “Les négociations vont se tendre et être plus difficiles”, a prévenu Laurence Tubiana lors d’un point presse jeudi.

La question de l’aide aux pays en voie de développement est l’un des sujets de tension. D’une part, les pays du Sud souhaitent que l’adaptation au changement climatique (infrastructures, agriculture, systèmes de santé) soit une grande composante du futur accord.

D’autre part, ils sont échaudés par la promesse, faite en 2009 par le Nord, et difficile à concrétiser, d’aller progressivement vers une enveloppe de 100 milliards de dollars annuels en 2020 pour des projets +climat+. “Un engagement ambigu”, reconnaît la France, car ni le type de projet concerné, ni la part des financements public et privé n’avaient été définis à l’avance.

– les objectifs de 37 pays dévoilés –

“Les pays développés et ceux en position de le faire devraient envoyer une signal clair à Bonn”, estime Sven Harmeling, de CARE international.

L’accord de Paris devra comprendre “des mécanismes qui génèrent une aide publique plus importante et plus prévisible pour l’adaptation aux impacts du climat”.

Ce sujet sera d’ailleurs à l’agenda du G7 des 6 et 7 juin en Allemagne.

“Bonn va aussi être le lieu pour définir le mécanisme pour revoir les engagements régulièrement”, a souligné jeudi Liz Gallagher au nom du réseau d’ONG Climate Action Network (Can).

A ce stade, 37 pays ont officiellement annoncé leur engagement en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, dont les Etats-Unis, l’Union européenne, le Canada et la Russie.

D’autres annonces, notamment de l’Australie, Japon et Chine, sont attendues dans les prochaines semaines.

“C’est un exercice incroyablement complexe” pour les pays, qui doivent dire “comment ils vont éliminer les énergies fossiles” et “bâtir une vision à 2050”, a commenté Liz Gallagher.

Théoriquement, les pays ont jusqu’au 31 octobre, les Nations unies ayant prévu de publier début novembre une évaluation de l’effort mondial que représentent tous ces engagements, au regard de l’objectif de limiter le réchauffement global à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle.

Mais sur la base des premières annonces, les experts sont unanimes pour dire que la cible de 2°C demandera des actions beaucoup plus ambitieuses.

Selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (Giec), pour rester en deça des 2°C, il faut plafonner les émissions de gaz à effet de serre le plut tôt possible, les réduire de 40 à 70% en 2050 et arriver à la “neutralité carbone” à la fin du siècle.

Pour prendre ce tournant, “une révolution” selon le président français François Hollande, une mobilisation politique au plus haut niveau est nécessaire, au-delà des discussions techniques entre négociateurs.

Après le G7, le climat sera d’ailleurs au coeur d’une réunion aux Nations unies à New York le 29 juin, puis à l’ordre du jour de l’assemblée générale de l’ONU en septembre, et d’un G20 en Turquie en novembre.