La Tunisie a réalisé en 2014 un véritable virage économique avec un poids dans le PIB du secteur des Technologies de l’information et de la communication – TIC- dépassant celui du tourisme. Les TIC deviennent l’un des secteurs sur lequel il faut miser pour générer de la croissance en interne et en externe et des emplois.
Avec l’évolution des TIC, le sujet de la transformation digitale est devenu récurrent au sein des entreprises: les nouvelles technologies induisent de nouvelles façons d’opérer et de travailler ensemble, l’entreprise se réinvente et on voit apparaître de nouveaux “business models“.
Ainsi, quels regards peut-on avoir autour de la transformation digitale des entreprises?
Aujourd’hui, on parle de “transformation numérique“ ou de “transformation digitale“ laquelle est devenue permanente au sein de nos entreprises: sur les vingt dernières années, on est passé de l’automatisation et du zéro papier à la digitalisation avec zéro mails et de nouveaux outils de travail collaboratif, tels que la messagerie instantanée (chats), les communautés, les réseaux sociaux, etc.
Le progrès technologique, ayant permis la démocratisation des smartphones et des tablettes, a jeté les bases d’une nouvelle manière d’opérer et de travailler ensemble. De cette évolution sont nés de nouvelles entreprises, de nouveaux “business models”: on parle de Groupe Fermé d’Abonnés, de Google, d’Apple, de Facebook, etc.
Ainsi, deux types d’entreprises cohabitent dans l’écosystème: des entreprises nées du numérique et des entreprises traditionnelles qui doivent adhérer à de nouveaux modèles et intégrer le numérique et le digital dans leurs fonctions pour s’assurer de pouvoir vivre avec leurs collaborateurs et se doter des compétences nécessaires. Elles doivent s’assurer que, dans l’avenir, elles puissent aisément se confronter à ces nouveaux acteurs du numérique qui créent de nouvelles niches de marchés où l’entreprise doit se réinventer en exerçant ses métiers du passé et de l’avenir.
Cette révolution digitale a un impact au niveau business en intégrant le numérique dans la stratégie de l’entreprise et dans sa politique RH vu que le capital humain doit être totalement associé à cette transformation.
A quelque chose malheur est bon…
En Tunisie, après le drame du Bardo, les professionnels du tourisme s’accordent à penser que la révolution du tourisme passera par le digital en développant par exemple une campagne de communication massive sur les réseaux électroniques pour redorer l’image de la Tunisie.
Cette campagne se doit de diversifier les produits touristiques, ne pas se restreindre à une communication sur les prix et résoudre la problématique d’accès à des contenus différents et spécifiques à la Tunisie: cette révolution du tourisme passera par le digital.
Quid des banques et établissements financiers?
Par ailleurs, à côté de l’évolution technologique que le digital a créée, de nouveaux usages sont nés au niveau des clients et des consommateurs. En Tunisie, les établissements de banque et d’assurance sont confrontés à des tendances assez fortes du digital: consommation du e-commerce par exemple pour l’achat de voyages ou de billetteries par les internautes, accès à l’information permettant d’élaborer un comparatif des prestations offertes, etc.
Aussi, le mobile crée l’instantanéité dans l’usage et dans le service, laquelle instantanéité, à côté de l’accès à l’information, est à l’origine d’une plus forte exigence en matière de produits et de services.
Cette évolution a permis aussi le passage de la possession à l’usage dans le cadre d’une économie collaborative basée entre autres sur le big data induisant l’accès à une multitude de données permettant de mieux connaître les clients et de pouvoir leur offrir des services les plus adaptés à leur usage. Ainsi, le consommateur devient un ‘consom acteur’.
Quid du nouveau rôle du manager?
Cette évolution du digital questionne le rôle du manager qui passe d’un rôle d’expert à un rôle d’incubateur et d’accompagnateur de talents ou coach. L’entreprise et ses dirigeants doivent permettre au manager d’assurer au mieux ce nouveau rôle en définissant une vision d’une organisation devenue matricielle plutôt que hiérarchique. En effet, la disponibilité et l’accès à l’information peuvent briser les liens hiérarchiques et permettre un contact direct entre le collaborateur et ses supérieurs hiérarchiques, lequel se doit d’être canalisé par des processus transverses permettant à l’innovation de se développer.
Par conséquent, le rôle du manager est plus axé sur l’anticipation, la réduction de la fracture digitale et le pilotage de la transformation digitale et il est nécessaire de réinventer la culture d’entreprise.
Ainsi, en Tunisie, on voit débarquer la ‘Corporate University’ comme levier du management en mettant en place des programmes de formation basés sur l’image que la direction générale veut promouvoir en interne et en externe et sur le développement des compétences induit par la révolution digitale, tels que la stratégie digitale, le community management, le marketing digital, le social CRM, etc.
Par ailleurs, au sein de l’entreprise, à côté de l’évolution des habitudes et des usages au niveau des collaborateurs, la révolution digitale a des impacts au niveau de l’emploi et de l’employabilité: de nouvelles opportunités se créent vu la naissance de nouveaux métiers et de nouveaux canaux de recrutement de compétences se créent d’une part et une évolution des compétences ou leur digitalisation sont nécessaires pour accompagner la transformation digitale d’autre part.
Donc, en Tunisie, le recrutement des cadres via des annonces dans la presse papier a cédé la place au recrutement par le biais des réseaux professionnels tels que LinkedIn, Viadeo, etc., et les sites web spécialisés tels que Keejob, Tanit job, ReKrute, etc.
Le capital humain doit être complètement associé à la transformation numérique des entreprises. La fonction RH a un rôle clé à jouer afin d’anticiper les besoins en matière de compétences et d’accompagner les collaborateurs en les informant et en les formant.
Les DRH doivent aujourd’hui adopter une posture différente et également faire évoluer leurs qualités pour suivre les changements. Les situations mouvantes rendent difficile, à l’heure actuelle, un pilotage assuré auparavant. Les phénomènes s’accélèrent et se répètent et les nouveaux modèles doivent être construits de façon disruptive, ce qui nous amène à se poser la question suivante: quel grand tournant est en train de prendre la fonction RH avec la révolution digitale?
… A suivre
*Expert international, stratégie management et RH /p>