«L’une des vocations des gouvernements, c’est de rassurer les citoyens par des programmes, des actions, des mesures législatives et des réformes. En Tunisie tous les secteurs sont en détresse et pourtant, notre gouvernement peine à insuffler l’oxygène nécessaire à la relance de l’initiative. L’avenir paraît flou pour l’investisseur comme pour le salarié, l’artisan et l’étudiant. Qu’attend-on pour établir une feuille de route pour les cinq années à venir».
«Pour avoir menacé d’incendier une maison ou une petite ferme, des citoyens ordinaires sont soit arrêtés, soit hospitalisés. Là il est question de tout le pays. Ça donne à réfléchir…»
«Chaab jahel, au lieu de travailler et demander, c’est le contraire qu’on vit! Productivité au niveau le plus bas, les demandes et les ripostes à leur niveau le plus haut…»
«La corruption bat son plein. J’ai en face de moi un jeune qui affirme avoir déboursé à un intermédiaire la somme de 3.000 dinars comme avance pour être embauché comme cadre dans un ministère. La famille ne semble pas catastrophée outre-mesure, elle est même reconnaissante envers l’intermédiaire qu’elle qualifie de “oueld hlel”! L’intégration de la corruption comme mode d’efficacité sociale est un degré avancé de normalisation avec l’immoralité».
Ce sont là des post publiés par un internaute avisé sur un réseau social. Qu’il s’agisse de vérités ou d’intox et je pencherai plus vers la vérité au vu de la qualité de l’intervenant, le fait est qu’il n’est pas le seul à le penser et l’écrire, des centaines de milliers de Tunisiens le pensent et croient dur comme fer. La classe moyenne tunisienne, qui s’appauvrit de plus en plus, s’indigne du déficit d’Etat et des fois s’interroge sur son existence même. Qui oserait dire le contraire lorsque les bandits de grands chemins sévissent partout, lorsque des activistes politiques attaquent sans vergogne les hauts intérêts du pays ne se souciant ni de sa sécurité ni de son économie. Qui oserait dire le contraire lorsque certains hauts responsables dont des ministres et des gouverneurs sont aussi peu réactifs à ce qui se passe dans leurs secteurs ou dans leurs gouvernorats attendant que les choses deviennent ingérables pour prendre les décisions qui s’imposent, et encore!
Alors que les groupuscules terroristes renforcent leurs rangs en Libye et cherchent la faille pour forcer les frontières tunisiennes, des mains invisibles, que dis-je visibles, fomentent des coups aussi bas que leurs âmes vendues déjà au diable pour déstabiliser le pays.
Face à cela, comment réagit le gouvernement? Par l’attentisme. Nous l’avons déjà déclaré et nous le répétons de nouveau: trop de consensus tue le consensus, et à vouloir être trop conciliants et pacifistes face aux hordes de bandits qui envahissent les cités et les villes, c’est la paix que nous tuons.
Les décisions courageuses du ministre de l’Intérieur bravant les résistances à l’intérieur et l’extérieur de son ministère et changeant des têtes qui pensaient décider du sort sécuritaire du pays, sont à saluer. Mais qu’en est-il du ministre de la Justice?
Il faut des décisions politiques, crient à tous les coins de rues les honnêtes citoyens. Mais quand seront-elles prises? Lorsque les professionnels de l’anarchie, de l’intox et de la diversion auront terminé leur œuvre destructrice et sapé tous les efforts du gouvernement pour remettre le pays à flots?
Tous les observateurs avisés de la scène politique tunisienne sont parfaitement conscients que les campagnes appelant à la nationalisation, ou celles de «Winou El pétrole» ou encore la dernière en date de «hill eddoussi» servent de diversion à des actes, opérations et agissements fomentés par leurs concepteurs ou encore sont orchestrées et payées par des personnes qui veulent contrôler elles-mêmes le secteur énergétique. Les activistes CPRistes et nahdhaouis des réseaux sociaux sont très forts en la matière, d’autres le sont tout autant qu’eux et sont soudoyés pour le faire.
Quant au politique, il ne sait pas que l’extrême gauche est manœuvrée par un courant islamiste passé maître dans l’art de la manipulation et de la communication. Et des fois, il ne s’agit même pas de manipulation mais de choix délibérés de la part des «prétendus gauchistes» qui en font un fonds de commerce juteux et «il fahem yifhem» parce que les vérités finiront par éclater.
A ce propos, allez donc comprendre pourquoi les militants de droits de l’Homme se mêlent du travail syndical et les avocats députés qui défendent les sit-in alors que des fois les présidents de certains partis veulent négocier avec le patronat. C’est à n’y rien comprendre.
La politique a toujours été sale tout comme l’argent d’ailleurs, mais quand les liens entre pouvoir et argent s’entremêlent comme c’est le cas aujourd’hui en Tunisie, c’est tout le pays qui risque de brûler.
Où est le pouvoir régulateur du gouvernement?
Bahri Rezig, professeur à l’Ecole nationale d’ingénieurs de Tunis, a déploré «la destruction méthodique du pays par certains syndicats ou apparentés qui serait une autre façon d’installer le chaos, portail privilégié des Daech d’Orient et d’ailleurs. L’UGTT se désolidarise là où elle en a les preuves. Les prophètes de l’amnistie générale ont dressé leurs tentes dans les secteurs clés. La Troïka en a une cartographie précise. La centrale syndicale aussi. Certaines grèves devraient être interdites pour menace de l’intérêt supérieur de la République. Vu ce noyautage, l’UGTT devrait comprendre et aider». Ce fut fait. L’UGTT a déclaré officiellement que toute grève sauvage sera condamnée automatiquement par la centrale.
L’UGTT devrait aussi se désolidariser des bases indisciplinées qui ne se plient pas à ses directives au risque de se trouver elle-même cassée par les anarchistes. Mais reconnaissons qu’il ne revient pas qu’à l’UGTT de prendre les grandes décisions patriotiques, il faut que le patronat aussi se secoue un peu pour communiquer sur le désarroi du secteur privé face à l’instabilité sociale, à la politisation de l’économie et à la recrudescence du nombre d’affairistes face à la régression du nombre d’opérateurs privés respectables et respectueux des lois et payant leurs impôts.
La centrale patronale a un devoir d’information, de désengagement et de dénonciation de tous les actes répréhensibles tout comme l’UGTT.
Et l’Etat?
«L’Etat manque de rigueur et de vigueur dans l’application des lois. Des fois, nous avons nettement l’impression que le pouvoir de la rue a plus de pouvoir que celui du pouvoir en place. Sommes-nous en face d’une déliquescence choisie ou subie par les organes de l’Etat?
Le gouvernement actuel n’arrive toujours pas, sur le plan du leadership, à jouer le rôle qui lui incombe. L’absence du chef du gouvernement sur la scène médiatique et publique est notable, se contentant de brèves apparitions médiatiques en réponse aux questions de journalistes, alors que le pays brûle: de violents heurts entre protestataires et forces de sécurité intérieure ont fait un mort, des blessés et la mise à feu d’un poste de la Garde nationale à Dhéhiba au mois de mars dernier; même scénario à El Fawar (région de Kébili) en avril», c’est ce que vient de publier le général Mohamed Meddeb sur un journal électronique de la place.
Nous blâmons, tous et toutes, le gouvernement. Il faut rappeler que l’on nous a promis paix sociale, sécurité et relance économique, mais que, pour nombre de raisons, ces promesses n’ont pas été honorées comme nous l’espérions.
Il est plus que probable que la convalescence de la Tunisie ne sera pas aisée mais il revient au gouvernement de remettre de l’ordre là où certains politiciens véreux et leurs hommes de main font tout pour le déstabiliser et rendre un pays vulnérable encore plus fragile à cause du contexte géopolitique de la région.
Habib Essid, haut commis de l’Etat, dont personne ne doute du patriotisme, doit aujourd’hui non seulement servir les hauts desseins de la Tunisie mais agir et sévir. Le temps presse et notre voisin libyen ne maîtrise plus ses troupes. Notre pays a besoin de paix et de stabilité pour être capable de mettre fin à l’avancée terroriste en dehors de ses frontières et mettre les cellules terroristes dormantes hors d’état de nuire.
Quant aux défenseurs et défenseuses des droits de l’Homme dont beaucoup sont payés en devises, ils devraient mettre leurs doléances en veilleuse surtout quand elles sont plus justifiées par leur appât du gain que par les intérêts des «victimes» ou de la patrie.
Le business des droits de l’Homme doit faire place aujourd’hui à une cause beaucoup plus noble: celle de la préservation de l’unité et de la souveraineté nationale, et ce n’est pas en caressant les mutins dans le sens du poil que le gouvernement réussira à mettre fin à leurs tristes agissements ou leur traitrise..