Quand on google son nom, on tombe sur son site officiel (http://www.brunokone.com) et une bio à faire pâlir n’importe quel dirigeant de multinationale. Porte-parole du gouvernement actuel de Côte d’Ivoire, Bruno Nabagné Koné est ministre de la Poste et des technologies de l’information et de la communication.
Il est venu en Tunisie avec une délégation de grands patrons d’entreprises publiques et privées ivoiriennes participer au Sommet tuniso-ivoirien qui a émané du Salon CONSULTARFIC.
Porté par le ministre des TIC et de l’Economie numérique, Noomane El Fehri, ce Sommet a permis des visites de terrains, la signature de plusieurs conventions et la montée en puissance d’une coopération bilatérale entre les deux pays mais aussi et surtout a abouti à une journée de B to B plus que fructueuse. 100 rendez-vous ont scellés le succès de second round des relations tuniso-ivoiriennes en devenir. Webmanagercenter a rencontré le ministre ivoirien en marge de ce sommet. Entretien
WMC: Ce Sommet est-il le second round du salon CONSULTAFRIC qui s’est tenu à Abidjan en avril dernier?
Bruno Nabagné Koné : En effet, nous avons reçu il y a quelques mois mon homologue Nôomane El Fehri avec une forte délégation tunisienne, et à cette occasion, nous avons convenu de faire la même démarche avec des hommes d’affaires ivoiriens en Tunisie pour renforcer et nouer des contacts et améliorer dans la mesure du possible la coopération entre nos deux pays. Abidjan était un succès. Tunis l’est tout autant. Je suis ravi par la qualité des 25 participants ivoiriens à ce sommet. Les échanges sont quotidiens et nous sommes satisfais de cet événement.
Concrètement, avez-vous quantifié vos objectifs communs?
Justement, il faut éviter de les quantifier. Le plus important est de mettre les hommes ensemble. Vous savez, ce sont des personnes avisées et très intelligentes. Elles savent ce qu’elles peuvent tirer les unes des autres. Notre point de vue est que le potentiel est extrêmement important. La Tunisie est un pays important dans la zone nord du continent. La Côte d’Ivoire est un pays de 24 millions d’habitants. Il est la porte d’entrée aux pays de la CEDAO (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, ndlr) avec environ 300 millions d’habitants.
Nous mettons les bases et à l’intelligence des hommes de faire ce qu’il faut.
Les deux pays ont en commun la langue française. Pensez-vous que cet outil soit suffisant pour hisser au premier plan les relations entre les deux pays?
Je le confirme. J’ai été moi-même dans les affaires avant d’arriver à ce poste politique. Je peux vous assurer que la langue peut être souvent une barrière. La même langue facilite surtout en matière de commerce. Elle facilite la confiance et celle-ci est l’une des bases pour réaliser des affaires.
A votre programme, la visite du Technopole El Ghazala. Que vous a-t-il inspiré? Pensez-vous que le modèle soit transposable?
Je ne peux que vous dire que je suis impressionné par ce que j’ai vu. Impressionné par le nombre et la qualité des entreprises installées et par la coopération entre elles.
Durant ma visite, on m’a dit que pour les appels d’offres internationales, les entreprises partent à plusieurs et se mettent en synergie pour répondre et gagner des marchés.
Notre ambition est d’imiter ce qui se fait sur cette technopole. Nous sommes venus avec tous les responsables qui sont concernés par cette possibilité de collaboration. Tous les contacts ont été pris et je n’ai aucun doute que nous allons recevoir l’expertise tunisienne pour nous aider à développer l’équivalent du Technopole El Ghazella au Village des Technologies de l’Information et de la Biotechnologie (VETIB/ http://www.vitibzonefranche.com) dans le grand Bassam.
Imaginez que je sois un homme d’affaires tunisien et que vous essayez de m’assurer et rassurer sur les opportunités d’affaires dans votre pays. Vous me diriez quoi?
Les opportunités sont extrêmement importantes. Il y a certes la facilité de la langue, mais il y a aussi et surtout le dynamisme de notre pays avec un taux de croissance important sur les trois dernières années. La Côté d’Ivoire est le premier producteur mondial de Cacao, deuxième producteur africain de caoutchouc, premier producteur de palmiers à huile, troisième producteur de coton, deuxième producteur au monde de noix de cajou…
Voilà un potentiel énorme qui pourrait attirer les hommes d’affaires qui viendront avec leurs savoir-faire et viendront apporter leurs différences dans un pays qui redémarre et offre des champs et des marges de progression dans l’électricité, les mines, les infrastructures, les télécommunications, le tourisme…
La Côté d’Ivoire affiche aujourd’hui 9% de taux de croissance. Elle arrive en tête des pays les plus réformateurs au monde. Pensez-vous que la Tunisie puisse en prendre graine?
Je n‘ai aucune inquiétude pour la Tunisie. Elle va s’en sortir. La preuve, elle va beaucoup plus vite que d’autres pays qui ont connu le même type de crise en Afrique du Nord ou ailleurs.
Je vais vous dire pourquoi je suis confiant: cela tient à la qualité des hommes, à la culture qui tire ses racines d’il y a 50 ou 60 ans, aux pères Fondateurs qui ont donné une âme, une façon de voir, un comportement… Nous ne le voyons pas forcément tous les jours, mais c’est dans nos gènes! Même quand il y a des débordements, il y a des limites, un je ne sais quoi qui fait qu’on ne dépassera pas certaines lignes et qui font dire Stop!
La Tunisie relancera son économie et je vous souhaite d’atteindre le taux de croissance que nous avons en Côte d’Ivoire. La Tunisie en est capable dans le domaine touristique ou agricole puisque ce sont les principales bases de votre économie. Elle en est d’autant plus capable dans le secteur des services.
Quel est le prochain rendez-vous pour les relations tuniso-ivoiriennes?
D’abord, nous retrouver avec quelques ministres africains pour travailler sur l’«African Mooc Summit» qui sont des cours en ligne qui sont déjà lancés de par le monde et dans lesquels seul l’Afrique ne participe pas alors que les opportunités sont nombreuses.
Nous pensons que l’Afrique peut se spécialiser dans plusieurs domaines dont l’agriculture, le tourisme, la santé… Il y a dans nos universités des gens de grand talent qui peuvent porter la voix de l’Afrique dans ce concert des Mooc et nous avons souhaité nous y investir
Ce sommet est prévu pour septembre à Abidjan et nous reviendrons dans un an à Tunis avec tous les pays qui ont adhéré à cette logique de mise en ligne de savoirs typiquement africains ouvert au reste du monde.