és iraniens dans le port Kalantari à Chabahar, dans le sud-est du pays, le 12 mai 2015 (Photo : ATTA KENARE) |
[04/06/2015 08:13:14] Chabahar (Iran) (AFP) Des centaines de conteneurs brûlent sous le soleil dans le port de Chabahar, mais les investisseurs occidentaux préfèrent attendre la levée des sanctions internationales pour saisir “les opportunités en or” offertes par la seule zone franche de l’Iran ouverte sur l’océan Indien.
A plus de 1.800 km au sud-est de Téhéran, sur la côte du Sistan-Baloutchistan, la zone franche de Chabahar (CFZ) accueille depuis 1994 sur 14.000 hectares l’un des grands projets gouvernementaux pour développer le sud de l’Iran.
Sur les quais écrasés de chaleur, des ouvriers chargent des cartons de vaisselle venus de Chine qui seront livrés à Téhéran, d’autres transbordent des pneus neufs ou déchargent des sacs de riz.
Mais l’activité peine à décoller avec une seule grue de déchargement et de nombreux entrepôts vides.
La CFZ offre pourtant de multiples avantages pour les investisseurs: exemption de taxe professionnelle pendant 20 ans, droits de douanes réduits, garantie à 100% sur le capital investi et les bénéfices malgré les sanctions économiques qui isolent l’Iran depuis 2012. La main d’oeuvre est bon marché et la règlementation du travail a été assouplie.
“Notre objectif est d’avoir autant d’investisseurs que possible”, annonce Saïd Moghadam, directeur exécutif pour les investissements de la CFZ.
Sur les 2.000 sociétés présentes, la moitié viennent d’Afghanistan, du Pakistan et du Golfe, 30% de Chine et d’autres pays d’Asie, et seulement 20% sont occidentales.
Iran, le 12 mai 2015 (Photo : ATTA KENARE) |
Le port, sur l’océan Indien, est une porte d’entrée stratégique vers l’Iran et les pays voisins. Il permet aussi d’éviter l’important trafic du détroit d’Ormuz.
“Dans 15 ans, Chabahar fonctionnera comme un mégaport avec une capacité de trafic de 80 millions de tonnes”, affirme Hamad Ali Mobaraki, le président délégué de la CFZ qui veut aussi développer un pole d’activité pétrochimique.
Chabahar a également une grosse zone commerciale, où les prix sont 30 à 40% moins chers que dans le reste de l’Iran, une université et développe son secteur touristique avec des plages aménagées.
– “Un très grand intérêt” –
“Les gens viennent de tout le pays pour acheter”, affirme Nematollah Rastegar, gérant d’une boutique d’électroménager. “Les conditions de vie se sont améliorées et des logements ont été construits”, dit-il, alors que selon les autorités, le chômage a été éradiqué dans la ville de 230.000 habitants.
Mais à partir de 2006, beaucoup d’entreprises étrangères ont cessé leurs activités en raison des sanctions internationales décrétées après la relance par Téhéran de son programme nucléaire controversé, explique M. Moghadam.
L’Iran a repris les négociations avec les grandes puissances à l’automne 2013, avec l’objectif de parvenir à un accord global d’ici au 30 juin.
Depuis la relance des discussions, “250 société sont revenues partiellement, des compagnies américaines, canadiennes, françaises ont montré un très grand intérêt”, assure le responsable. Une délégation du géant français Bolloré a visité les installations en septembre 2014. “Nous avons déjà commencé à négocier des contrats” avec les partenaires potentiels et leur signature “sera rapide” si l’accord global est conclu cet été, dit-il.
L’Inde a signé début mai deux protocoles d’accord, pour 180 millions de dollars. New Delhi veut éviter les traversées dangereuses du Pakistan et de l’Afghanistan, et concurrencer la Chine qui investit dans le port pakistanais de Gwadar, à une centaine de kilomètres.
âteaux de pêche dans le port iranien de Chabahar, le 14 mai 2015 (Photo : ATTA KENARE) |
“Nous espérons que les négociations auront des résultats, ce serait le début de nouvelles activités à Chabahar”, assure M. Mobaraki.
Mais la CFZ souffre d’infrastructures encore sous-développées. Une partie des 600 km de voie ferrée reliant le port à la capitale provinciale, Zahedan, est encore en construction, et les autoroutes en projet. L’aéroport local doit aussi être modernisé. Il n’y a qu’un seul hôtel de catégorie internationale et la ville n’est pas reliée au réseau national de gaz.
Les autorités admettent aussi un problème de sécurité avec la présence de groupes rebelles dans une région qui compte une forte minorité sunnite, alors que le pays est majoritairement chiite. Chabahar n’a connu aucun attentat depuis 2012 mais les affrontements armés sont récurrents dans le reste de la province.
“Tous les efforts sont faits pour créer des emplois pour les jeunes de la région. La sécurité viendra avec le progrès économique”, espère M. Mobaraki.