Areva (Photo : Charly Triballeau) |
[04/06/2015 15:29:59] Paris (AFP) Que recouvre l’activité réacteurs (Areva NP) qui sera cédée en majorité à EDF? Que vont devenir les autres entités du futur Areva? Les contours de l’ex-fleuron français du nucléaire, recentré sur le cycle du combustible, sont encore loin d’être tracés.
QUELLES ACTIVITÉS D’AREVA VONT PASSER SOUS LE CONTRÔLE D’EDF?
Aujourd’hui, Areva NP regroupe les activités dites +réacteurs et services+ du groupe nucléaire, c’est-à-dire de conception et de construction des réacteurs nucléaires, comme l’EPR, réacteur de troisième génération, dont 4 exemplaires sont actuellement en construction dans le monde (un en France, un en Finlande et deux en Chine).
Cette branche fournit également les services de maintenance et de gestion des réacteurs existants. A ce titre, le principal client d’Areva est EDF et son parc français de 58 réacteurs. Cette activité représente d’ailleurs plus de la moitié (52,4%) de la branche +réacteurs et services+, qui a réalisé un chiffre d’affaires d’un peu plus de 3 milliards d’euros en 2014.
L’ensemble du groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 8,3 milliards d’euros l’an dernier.
QUELLES CONSÉQUENCES POUR LES SALARIÉS D’AREVA NP?
Areva NP emploie actuellement près de 15.000 personnes. Elles devraient en grande partie basculer au sein de la nouvelle filiale détenue à majorité par EDF, notamment ceux des activités liées à la gestion de la base installée ou à la fabrication d’équipements.
“Il y a un gros point d’interrogation sur l’avenir de cette filiale commune et des 15.000 salariés d’Areva NP”, s’est inquiété auprès de l’AFP le coordinateur CGT Pascal Evariste, en ironisant sur le fait qu’Areva et EDF doivent “régler tous ces points sous un mois alors que la négociation du moindre contrat prend des années”.
La “complexité” sera de “faire travailler les équipes ensemble et gérer au mieux les doublons de compétences” dans l’ingénierie, souligne Arnaud Leroi, directeur Energie à Paris du cabinet de conseil Bain & Company.
Il y aura des “doublons sur les métiers de maîtrise d’ouvrage, de services aux centrales (gestion et expertise sur les arrêts de tranche)”, ainsi que sur les “métiers projets et chantier”, avance Jean-Pierre Bachmann (CFDT).
L’autre question est celle des éléments de propriété intellectuelle autour de la technologie EPR. “Pour Areva l’enjeu et de savoir jusqu’où va aller le transfert de technologie de l’EPR. C’est sans doute pour cela qu’Areva gardera une minorité du capital d’Areva NP”, explique Arnaud Leroi.
QUE VA CONSERVER LE FUTUR AREVA?
Délesté de l’essentiel de son activité réacteurs, Areva sera recentré sur la gestion du cycle du combustible.
Areva exploite ainsi des mines d’uranium au Niger, Kazakhstan, Mongolie, Australie, Canada, etc… et possède plusieurs sites dans le monde de conversion et d’enrichissement d’uranium ainsi que de fabrication de combustible pour les centrales, comme Comurhex et Georges Besse II en France.
EDF reste le premier client d’Areva pour la fourniture de combustible nucléaire, même si l’électricien a diversifié ses sources d’approvisionnement par le passé. Le renforcement des relations commerciales entre les deux groupes, sera un des enjeux des discussions dans le mois à venir.
A l’autre bout de la chaîne, Areva est le leader mondial dans le recyclage des combustibles usés. Le groupe assure aussi des activités de logistique (transport) et de démantèlement d’installations nucléaires.
Enfin, Areva garde une petite activité (1% du chiffre d’affaires en 2014) dédiée aux énergies renouvelables mais a commencé à se désengager de l’éolien en créant une coentreprise avec l’espagnol Gamesa.
Tout cet ensemble a représenté 63% du chiffre d’affaires d’Areva en 2014.
Ce périmètre, fort semblable à celui de l’ex-Cogema, pourrait toutefois évoluer avec le programme de plus de 450 millions d’euros de cessions d’actifs que doit détailler le groupe fin juillet. L’ouverture du capital des activités minières est notamment source de spéculations depuis plusieurs années.