Les projets de partenariat public-privé (PPP) “ne sont ni bons ni mauvais, mais une modalité de financement qui nécessite des programmes et des conditions de mise en oeuvre”, a estimé l’expert en économie internationale, Radhi Meddeb.
“C’est désormais un choix inévitable pour la Tunisie, face à la dégradation des financements publics et pour rattraper le retard en matière de création d’emplois”, a-t-il développé, lors d’une journée d’information sur le PPP organisée par la présidence de la République en collaboration avec la BAD (Banque africaine de développement) et l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
D’après lui, il faut juste préparer “une bonne loi sur le PPP”, acceptée par l’ensemble des intervenants, car, “une bonne loi n’est pas celle élaborée par un expert international, mais plutôt qui est adoptée par toutes les parties prenantes du pays”.
Il a appelé, pour réussir ce défi, à écouter toutes les parties en vue d’expliquer et de lever les appréhensions, à associer le secteur privé national et à susciter l’adhésion des usagers pour développer les capacités de l’administration locale et, partant, éviter l’échec.
Selon l’expert, l’Etat doit se doter des compétences juridique, fiscale, financière et technique pour minimiser les risques de mise en place de PPP et les risques de dérapages au profit du partenaire privé, choisir les projets et les secteurs en fonction de ses priorités.
Toutefois, le PPP n’est pas une modalité sans inconvénients. Meddeb cite notamment un taux très élevé des crédits à contracter avec les partenaires privés, la complexité des contrats de PPP, la longueur des négociations et l’incapcacité, parfois, de l’Etat à négocier “d’égal à égal” avec le privé.
Pour sa part, le conseiller économique du chef du gouvernement, Mohamed Ridha Ben Mosbah, a déclaré que l’Etat fera recours au PPP pour diversifier ses moyens d’action et répondre aux attentes sociales et aspirations des acteurs économiques d’autant plus que le secteur public est, aujourd’hui, incapable de résoudre tous les problèmes en matière de financement et d’emploi.
Il a fait savoir que l’Etat est confronté à plusieurs contraintes (coût accru de l’investissement, longueur de la période de mise en oeuvre des projets et manque de redevabilité pour les projets réalisés), évoquant des projets datant de 2008 et 2009 encore bloqués.
Il est revenu, par la même occasion, sur le retard qu’affiche la Tunisie en matière de performance en matière d’infrastructure, le pays étant classé 79ème par le Forum économique mondial sur un total de 140 pays.
Luigi De Pierris, expert international et ancien directeur général de l’Unité des PPP en Italie, estime, quant à lui, que le PPP rassure les investisseurs et les incite à créer les projets.
“Ceci ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’échecs, mais la capacité de l’Etat à gérer, le choix des projets appropriés et le partage des risques peuvent créer la différence”, a-t-il nuancé.
Il a souligné, dans ce contexte, le cas de l’aéroport international d’Enfidha “qui n’a pas été un succès à cause de la mauvaise estimation de la demande de trafic”.
Evoquant l’expérience de l’Italie en matière de PPP, il a indiqué que le pays a entamé la réalisation de projets de ce genre depuis 17 ans et “enregistré des réussites, notamment dans la production des énergies renouvelables, les autoroutes, les hôpitaux et le transport urbain”.