Les intervenants de trois pays voisins (Tunisie, Algérie et Libye), au 3ème Forum de Tunis, tenu jeudi 4 juin 2015, sur le thème “la Tunisie et ses pays voisins: risques communs et solutions partagées”, ont plaidé pour une meilleure synergie entre ces pays exposés à des risques communs, en particulier le terrorisme et la contrebande.
Sur la base d’un document référentiel élaboré par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE), les responsables maghrébins ont souligné la nécessité d’asseoir une stratégie de coopération gagnant-gagnant et la décision de mesures communes concernant l’investissement, les zones frontalières, les relations commerciales et la coopération dans les domaines de l’enseignement, les ressources naturelles, le transport, la santé et le tourisme.
Ils ont plaidé pour une meilleure coordination entre les Banques centrales de trois pays et pour une “lutte concertée” contre la contrebande et le terrorisme “pour établir un climat de sécurité de long terme dans la région”.
Le ministre des Finances, Slim Chaker, a insisté dans son intervention, pour sa part, sur la nécessité de garantir les trois libertés de déplacement des personnes, des échanges des marchandises et de la mobilité des capitaux pour assurer une coopération économique fructueuse entre les trois pays.
Il a évoqué les difficultés qui font obstacle à la mobilité des capitaux surtout en Algérie où la loi interdit l’investisseur étranger de détenir plus de 49% d’un capital de n’importe quel projet réalisé, alors qu’en Tunisie l’investisseur étranger ne peut s’approprier un logement qu’avec une autorisation délivrée par le gouverneur de la région.
M. Chaker propose, entre autres mesures, l’annulation des impôts sur l’échange des marchandises et la simplification des procédures administratives.
Le secrétaire général exécutif adjoint de la Commission économique et sociale de l’Asie de l’ouest relevant des Nations unies, Abdallah Dardari, est revenu, lui sur la création de l’Union douanière arabe sur décision du Sommet arabe dont la Tunisie est l’un des pays signataires, pour dire qu’elle est de nature à résoudre tous les problèmes rencontrés au niveau de la coopération notamment la liberté de la mobilité des personnes, des marchandises et des capitaux, la libéralisation totale des services ainsi que la concordance des politiques financières, fiscales, de subventions et de l’économie intégrale.
Il a fait savoir que les études numériques sur les résultats de la réalisation de cette union ont révélé qu’il est possible de réaliser la croissance dans les pays arabes concernés, et par conséquent de réduire les taux du chômage et de la pauvreté.
Dardari estime qu’un point négatif ou un point positif de croissance en Libye vaut 0,88% dans le PIB en Tunisie pour montrer les liens entre les économies de la région. Il évoque la possibilité de faire de ces trois pays un nouveau pôle économique dans la région arabe.
Le ministre algérien Amara Ben Younes a rappelé que l’Algérie dispose de frontières avec sept pays, affirmant que “sans sécurité et sans paix, il est impossible d’instaurer des relations de coopération”, rappelant que, “pour cela, l’Algérie a pris l’initiative d’abriter des dialogues sur la situation en Libye et le Mali et d’aider parfois la Tunisie à surmonter les difficultés d’ordre sécuritaire”.
Il a fait savoir que les relations de coopération entre la Tunisie et l’Algérie sont au beau fixe surtout avec la dynamisation de l’accord d’échanges préférentiel, opérationnel depuis mars 2014.
Le ministre tunisien du Commerce, Ridha Lahouel, souligne, pour sa part, que la création des zones frontalières de libre-échange entre les pays voisins permettra d’adopter plusieurs solutions pour renforcer les échanges entre ces pays et consolider le développement dans les zones frontalières.
Abedlmonêm Abdelaziz, PDG d’une entreprise libyenne, a fait part du besoin de son pays de renforcer le dialogue avec les pays voisins afin d’instaurer un gouvernement d’union nationale dans son pays.
Ont assisté au Forum de Tunis 400 personnes, dont des PDG des plus grandes entreprises tunisiennes, algériennes et libyennes, des responsables politiques et des représentants de groupes de réflexion “think tank” internationaux venus de 12 pays à travers.