énages encore trop timorée (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[08/06/2015 06:30:02] Tokyo (AFP) La croissance de l’économie japonaise s’est accélérée (+1%) au 1er trimestre, selon des chiffres révisés publiés lundi, mais les économistes pointent le risque d’un 2e trimestre moins bon en raison d’une consommation des ménages encore trop timorée.
Durant la période de janvier à mars, le produit intérieur brut (PIB) du Japon a augmenté de 1% par rapport à octobre-décembre 2014, une progression plus forte que celle attendue le mois dernier par le gouvernement (+0,6%).
L’activité économique s’est amplifiée à un rythme supérieur grâce aux investissements des entreprises plus importants que prévu, confirmant la consolidation de la reprise amorcée au 4e trimestre 2014 après une période de récession.
Si les économistes s’attendaient à une révision positive, le chiffre de lundi est bien meilleur que ce qu’ils espéraient (+0,7% en moyenne).
En rythme annualisé, la croissance s’affiche ainsi à +3,9%, au lieu de +2,4% précédemment.
La bonne surprise est venue de la progression des investissements non résidentiels des entreprises, de +2,7% contre une évaluation de +0,4%, ce qui a dopé la demande intérieure, premier moteur de l’économie.
“La hausse des achats de biens d’équipements par des petites sociétés a été relativement forte”, a souligné un économiste de Nomura interrogé par le groupe d’informations économiques Nikkei.
En revanche, les autres principales composantes servant au calcul du PIB n’ont guère changé en comparaison avec les premières estimations.
Cette accélération de la reprise est une très bonne nouvelle pour le gouvernement du Premier ministre conservateur Shinzo Abe et la banque centrale du Japon (BoJ).
La BoJ se dit convaincue que le Japon, malmené par une quinzaine d’années de déflation, parviendra à atteindre courant 2016 son objectif d’inflation de 2%, un paramètre nécessaire pour alimenter une croissance interne fondée sur une demande robuste.
Même si en avril la hausse des prix a été quasi nulle, la BoJ n’est donc pas forcée d’agir rapidement, selon des analystes.
“Elle ne bougera pas pour l’heure, à moins que ne soit confirmé un important déclin du PIB pour la période avril-juin”, prédit Takeshi Saito, de Crédit Suisse.
– La balle dans le camp des consommateurs –
“Même si l’économie a connu au 1er trimestre une expansion plus forte qu’estimé au départ, un ralentissement semble probable au deuxième trimestre”, avertit cependant dans une note Marcel Thieliant, analyste de Capital Economics.
De fait, le chiffre de la consommation des ménages est resté au même niveau qu’annoncé précédemment (+0,4%).
“Or il est absolument nécessaire que la demande des particuliers redémarre”, insiste Toru Suehiro, de Mizuho Securities, cité par le Nikkei.
Mais les premières statistiques publiées pour le 2e trimestre ne sont guère encourageantes.
Les dépenses de consommation des foyers ont aligné en avril leur 13e mois de recul d’affilée, ce qui montre que ce pilier de l’économie japonaise (60% du PIB) est encore très fragile après avoir été ébranlé en avril 2014 par l’augmentation de trois points du taux de TVA, passé de 5 à 8%.
Cela faisait 17 ans que le gouvernement japonais n’avait pas touché à cet impôt indirect, impopulaire, imposé sur tous les achats des particuliers.
Ces derniers ont, en prévision, accumulé des stocks avant la date fatidique puis réduit leurs dépenses sur une période plus longue que prévue par le gouvernement. La récession de 2014 (-0,1%) est la conséquence de ce changement fiscal dont les effets avaient été sous-estimés.
Le gouvernement comme la banque centrale tendent à faire porter le chapeau aux entrepreneurs qui n’ont pas augmenté les salaires assez vite pour éviter une chute du pouvoir d’achat des consommateurs.
Désormais, tout le monde attend l’impact des promesses de hausses salariales négociées au printemps entre syndicats et patrons.
Les marchés devraient également contribuer à la relance, l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo naviguant actuellement à des niveaux inédits en 15 ans du fait de la chute du yen résultant de la politique monétaire ultra-accommodante du Japon au moment où celle des Etats-Unis se resserre.