Les pays africains doivent chercher en leur sein même les ressources à mobiliser en faveur du développement, car celles-ci existent.
Une session consacrée à «L’avenir du financement du développement en Afrique» s’est tenue au premier jour des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), lundi 25 mai 2015 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Deux des conférenciers présents ont souligné la nécessité pour les pays africains de renforcer leur capacité à mobiliser des ressources à l’échelle locale, plutôt que de chercher des financements pour le développement hors de leur pays.
Emmanuel Nnadozie, de la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACDF, par acronyme en anglais) a chiffré à 500 millions de dollars EU les fonds qui pourraient être levés si les pays africains renforçaient leurs capacités en matière de collecte de l’impôt. D’après lui, il faudrait aussi aller voir du côté du marché boursier et du marché des obligations souveraines.
Il a ajouté que les pays africains doivent renforcer de façon durable leurs capacités de mobilisation des ressources, ce pour quoi il leur faut donc des capacités en termes de connaissances suffisantes et d’accès à l’information.
Selon lui, les pays ont besoin de leaders et doivent pouvoir mettre un terme aux flux financiers qui quittent le continent de façon illicite qui représenteraient à ce jour une perte de quelque 50 milliards de dollars EU pour l’Afrique. Emmanuel Nnadozie a également dit combien la corruption coûtait cher au continent, pouvant même entraîner l’effondrement des institutions. D’où la nécessité pour les pays africains de la combattre, a-t-il souligné, sachant qu’il faut impérativement renforcer leurs capacités en matière de lutte contre la corruption.
Olukorede Adenowo, codirecteur pour l’Afrique des institutions financières au sein de la Standard Chartered Bank, a rappelé quant à lui que voilà peu de temps, l’Afrique en était encore aux prises avec des préjugés tels que ceux liés à la pauvreté et l’instabilité, entre autres. Et de noter que le continent avait réussi à s’affranchir de cette image, mais qu’il restait encore vulnérable sur le plan macroéconomique et confronté à l’instabilité de certains pays.
Aussi a-t-il appelé à plus de transparence, à une gouvernance forte et à des systèmes judiciaires solides en Afrique, ainsi qu’à la mise en place de systèmes de collecte de l’impôt, de sorte de afin d’engranger davantage de fonds à l’intérieur au profit du développement.
Le commerce intra-africain est un autre moyen de permettre au continent de renforcer les financements nationaux, juge Olukorede Adenowo. Lequel a donc exhorté les pays africains à renforcer leurs relations commerciales entre eux.
Il les a aussi appelés à chercher des alternatives aux importations et à favoriser la diversification de leur production, toujours en vue de mobiliser les ressources nationales au profit du développement.
Président de la BAD de 1985 à 1995, Babacar Ndiaye a encouragé les dirigeants africains à faire preuve de moralité et de spiritualité, non pas de religion, et à cesser de s’enrichir aux dépens de leurs peuples. «Quel effet cela vous fait-il d’accumuler les richesses et, ce faisant, de plonger vos concitoyens et concitoyennes dans la pauvreté?», a-t-il lancé.
Source : BAD