La croissance économique africaine est une réalité depuis plus d’une décennie. Elle est même durable dans certains pays, notamment ceux d’Afrique de l’Est et de l’Ouest. Toutefois, elle n’est pas toujours inclusive. Soucieuse d’assumer pleinement son rôle de locomotive du développement de l’Afrique, la Banque africaine de développement (BAD) entend embarquer toutes les catégories sociales dans le train de la croissance. D’où la thématique d’un panel tenu au premier jour des Assemblées annuelles 2015 de la Banque: «Croissance en Afrique: n’abandonner personne en chemin».
Outre la publication du Rapport annuel de la BAD sur le développement de l’Afrique, les Assemblées annuelles de la Banque sont aussi l’opportunité de dresser un état des lieux sans concession de la croissance sur le continent.
Le constat est clair et partagé: l’Afrique n’a cessé de voir son un taux de croissance économique s’élever depuis l’adoption, en 2000, des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Toutefois, concède la BAD, «il faut faire davantage pour éradiquer la pauvreté extrême et réduire les inégalités sur le continent». C’est en ce domaine qu’un bémol peut être apporté aux progrès que l’Afrique a accomplis en matière de croissance. À l’instar de ses co-panélistes du jour, Abebe Shimele, directeur par intérim du Département de la recherche sur le développement (EDRE) de la BAD, n’a pas manqué de relever que «l’Afrique a réalisé moins de progrès dans la réduction de la pauvreté» en comparaison avec des pays d’Asie du Sud et de l’Est-Pacifique. De même, a-t-il ajouté, «un nombre important de pays en Afrique ont encore des taux de pauvreté de près de 50% de la population».
L’inclusivité n’étant pas la chose la mieux partagé dans la marche de l’Afrique vers le développement, la BAD entend bien, avec ses partenaires, redresser la barre. Lors du panel, les expériences respectives de pays comme l’Afrique du Sud, l’Ouganda et la Côte d’Ivoire en des domaines à même de stimuler un développement soutenu et soucieux d’égalité –notamment en matière de genre. Nialé Kaba, ministre auprès du Premier ministre ivoirien, chargée de l’Économie et des Finances, Louis Kasenkende, vice-gouverneur de la banque centrale d’Ouganda et Nhlanhla Nene, ministre des Finances d’Afrique du Sud ont souligné les progrès que leurs pays ont chacun accomplis, tout en signifiant les efforts qu’il reste encore à fournir pour atteindre les OMD.
Tout en dénonçant les inégalités territoriales et celles relatives au genre, l’édition 2015 du Rapport sur le développement en Afrique, qui doit être rendue publique en septembre prochain, esquisse des motifs propres à susciter l’optimisme. Et pour que cet optimisme se mue véritablement en progrès concrets sur le terrain, il importe notamment de mettre l’accent sur l’éducation, la création d’emplois, l’autonomisation de la femme, etc. D’autant que, venir à bout de la pauvreté «exige une société plus équitable et une économie plus diversifiée, qui génère des emplois pour la majorité de la population», a rappelé Abebe Shimeles.
Les progrès de l’Afrique d’ici à l’horizon 2030 dépendront de trois grands facteurs: maintenir l’élan de la croissance actuelle, sinon l’augmenter; résoudre les questions de fortes disparités, y compris les inégalités de revenus et la discrimination à l’endroit des femmes et des jeunes; et concevoir et mettre en œuvre des stratégies nationales de développement qui tiennent compte des changements intervenus dans les fondamentaux des économies nationales et des chocs internationaux. «La BAD a un projet dans ce sens et je suis optimiste, confiant que, dans 10 ans, nous célèbrerons une nouvelle renaissance de l’Afrique», a assuré Abebe Shimeles. .
Source : BAD