Des travailleuses manifestent devant le Rana Plaza (Photo : Kamrul Hasan Khan) |
[10/06/2015 12:00:25] Lille (AFP) Deux ans après la catastrophe du Rana Plaza au Bangladesh et quatre mois après une première plainte classée sans suite, trois associations ont de nouveau déposé un dossier contre Auchan, mercredi, devant le tribunal de grande instance de Lille.
Ces collectifs, Sherpa, Peuples Solidaires et Collectif Ethique sur l’Etiquette, accusent le géant de la distribution de “pratiques commerciales trompeuses” à l’encontre de ses clients quant aux conditions de fabrication de ses produits à l’étranger.
“Il faut que les multinationales soient contraintes de respecter les droits de l’Homme quand elles se targuent de le faire”, a souligné Marie-Laure Guislain, responsable contentieux de Sherpa, l’association qui a rédigé la plainte.
Ces mêmes organisations avaient déjà déposé une plainte en avril 2014, qui a donné lieu à une enquête préliminaire. Le dossier a été classé sans suite en janvier, ont regretté les associations.
Cette fois, elles ont décidé de se constituer partie civile afin de porter l’affaire devant un juge d’instruction si la plainte est jugée recevable.
Après réception du rapport d’enquête, elles ont regretté plusieurs éléments. D’une part, seuls des responsables d’Auchan ont été interrogés, d’autres part l’enquête s’est limitée géographiquement à la France “alors que les faits dénoncés sont au Bangladesh”. Enfin, des audits réalisés par Auchan et joints au rapport montrent, selon elles, que le distributeur “aurait dû être alerté dès 2011 et 2012”.
“Or, Auchan a continué à passer commande auprès du fournisseur et ne lui a pas demandé de se mettre en conformité”, a expliqué Mme Guislain.
Par ailleurs, des membres de Sherpa ont constaté en décembre 2014 chez des sous-traitants au Bangladeh que de nombreux problèmes persistent, en termes d’heures supplémentaires, de violation de la liberté syndicale ou encore du travail des mineurs, a observé Karine Roux, de Peuples Solidaires.
L’effondrement du Rana Plaza, un immeuble abritant des ateliers de confection, situé à Dacca, au Bangladesh, avait provoqué la mort de 1.138 ouvriers textiles et blessé plus de 2.000 autres en 2013.
Cette catastrophe avait mis en lumière les conditions de sécurité déplorables dans les ateliers, ainsi que les salaires et les conditions de travail misérables des employés.
Après la tragédie, ONG et syndicats avaient dénoncé l’attitude de 29 chaînes de distribution, dont Auchan, soupçonnées d’avoir sous-traité leur production à un moment ou à un autre au Rana Plaza.
Le distributeur français a versé 1,5 million de dollars au fonds d’indemnisation piloté par l’OIT et destiné aux familles des victimes.