ésident de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et le Premier ministre grec Alexis Tsipras le 10 juin 2015 à Bruxelles (Photo : FRANCOIS LENOIR) |
[11/06/2015 05:30:18] Bruxelles (AFP) Le Premier ministre grec Alexis Tsipras doit à nouveau rencontrer jeudi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, quelques heures après avoir convenu avec ses principaux interlocuteurs d'”intensifier” les efforts pour parvenir enfin à un accord entre Athènes et ses créanciers.
Le dialogue a été renoué au plus haut niveau mercredi soir à Bruxelles: M. Tsipras s’est entretenu avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande, en marge d’un sommet entre l’UE et les pays d’Amérique latine et des Caraïbes.
M. Tsipras avait auparavant rencontré Jean-Claude Juncker. Les deux hommes ont échangé leurs points de vue “en détail” et doivent se revoir jeudi, selon des sources grecque et européenne.
Ni Mme Merkel ni M. Hollande n’ont fait de commentaire après la rencontre, mais le gouvernement allemand, dans un communiqué, a souligné que l’atmosphère avait été “constructive” et qu’il avait été convenu d'”intensifier” les discussions entre le gouvernement grec et les institutions créancières, UE et FMI.
ère Angela Merkel le 10 juin 2015 à Bruxelles (Photo : ALAIN JOCARD) |
Les discussions ont eu lieu “dans un climat très amical”, a déclaré M. Tsipras à l’issue de la rencontre. “Nous avons décidé d?intensifier l?effort pour régler les différends qui demeurent et avancer vers une solution”, a-t-il ajouté, soulignant que ses interlocuteurs européens avaient compris “qu’il faut donner une solution viable et la possibilité pour la Grèce de revenir avec de la cohésion sociale à la croissance avec une dette viable et une perspective qui redonne de la sécurité”.
La chancelière avait donné le ton dès son arrivée à Bruxelles: une solution dans les difficiles négociations sur le programme de réformes demandé à la Grèce, pour la remettre sous perfusion financière, est possible. “Quand on veut, on peut”, a-t-elle lancé, tout en avertissant que “chaque jour compte”. Un volontarisme partagé par le président français. “Travaillons, allons vite et concluons”, a-t-il exhorté.
– Note dégradée –
La journée avait pourtant démarré sur une note moins optimiste: la tenue de la rencontre trilatérale Tsipras/Merkel/Hollande est restée incertaine jusqu’au dernier moment, et la Commission européenne a rejeté dans la matinée les dernières propositions de réformes avancées par Athènes dans la nuit de lundi à mardi. M. Juncker avait même qualifié de “perte de temps” une éventuelle rencontre avec M. Tsipras.
à Bruxelles (Photo : ALAIN JOCARD) |
L’irritation s’est estompée avec l’espoir d’une possible entente sur un excédent primaire budgétaire, que les créanciers veulent fixer à 1% en 2015. Ce chiffre conditionne le montant des économies à réaliser par le pays.
Athènes a proposé en début de semaine un solde de 0,75%, mais “nous sommes prêts à discuter de l’excédent budgétaire, au-delà de 0,75%”, a indiqué une source gouvernementale grecque. “Nous cherchons un objectif commun” sur le sujet, a-t-elle ajouté tout en précisant que “rien n’est encore bouclé”.
Une décision mercredi de la justice grecque annulant comme non-constitutionnelles les baisses de retraites instaurées en 2012 risque toutefois de compliquer encore la donne pour Athènes.
Selon le site grec d’informations économiques Macropolis, ce jugement va coûter à l’Etat entre 1,2 et 1,5 milliard d’euro annuel, alors que les négociations achoppent aussi sur les modalités d’une réforme des retraites, ainsi qu’une hausse de la TVA sur l’électricité, deux lignes rouges pour Athènes.
L’agence de notation Standard and Poor’s a accentué la pression sur le gouvernement grec, en abaissant mercredi soir la note de la Grèce à “CCC”, contre “CCC+” précédemment, soulignant que sans accord avec ses créanciers, Athènes devrait faire défaut sur sa dette dans les douze mois.
D’un accord sur les réformes à mettre en place en Grèce dépend le déboursement de 7,2 milliards d’euros, en suspens depuis août. Les institutions créancières, UE et FMI, doivent donner leur feu vert, puis les 19 pays de la zone euro, à l’unanimité.
Sans ce versement, le pays est menacé de faillite, avec des caisses quasiment vides alors qu’il doit rembourser près de 1,6 milliard d’euros au FMI le 30 juin, date à laquelle arrive aussi à son terme son plan d’aide.
Pour continuer à être financée après cette date, la Grèce discute d’une extension jusqu’en mars 2016 du programme d’aide dont elle bénéficie depuis 2012. Il s’agirait de la troisième extension de ce plan.
Mais à la différence des précédentes fois, la Grèce souhaite le déblocage de financements qui permettent “de relancer l’économie grecque et pas seulement de couvrir les remboursements”. L’idée est notamment de pouvoir puiser dans des fonds déjà existants, comme celui pour les banques grecques qui n’a pas été utilisé.