Athènes face à ses créanciers : les points d’achoppement de la négociation

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à Bruxelles, le 11 juin 2015 (Photo : Philippe Huguen)

[11/06/2015 13:06:26] Bruxelles (AFP) Athènes et ses créanciers ont repris des négociations “intenses” sur le coût des économies réclamées au pays et le régime des retraites, deux écueils à un accord qui permettrait de remettre le pays sous perfusion financière.

En toile de fond des négociations figure toujours la question, non résolue, de la viabilité de la dette.

– Combien de milliards d’euros à dégager, et comment?

Ses créanciers, UE et FMI, demandent à Athènes de trouver 3 milliards d’euros en 2015, afin d’atteindre un excédent fiscal primaire (hors intérêt de la dette) de 1% du PIB en 2015, à porter à 3,5% en 2018.

Parmi les outils pour y parvenir, une réforme des taux de TVA, à 11% pour médicaments, alimentation et hôtellerie, et 23% pour le reste.

Pour éviter la rupture, la Grèce s’affirme désormais prête à “discuter” sur cet objectif. Le gouvernement grec de gauche radicale avait d’abord proposé un excédent de 0,60%, qu’il a déjà accepté de porter à 0,75%.

Athènes, qui insiste sur une taxation plus socialement ajustée propose 6% pour les médicaments, 11% pour la nourriture, l’électricité et l’eau, et 23% pour le reste.

Mais un possible relèvement du taux de 11% à 12% est désormais sur la table, tandis que la question de coupes supplémentaires dans les dépenses de défense est avancée côté européen. Athènes prévoit aussi d’augmenter les impôts pour les revenus supérieurs à 30.000 euros par an et de taxer les licences télévisuelles.

– Comment combler le trou du système des retraites?

Pour les créanciers, le régime de retraite grec doit être mis à l’heure du “zéro déficit”, via des coupes dans les dépenses de 450 à 900 millions d’euros en 2015 et de 1,8 milliard en 2016. Ils prescrivent de limiter les retraites anticipées, de faire payer plus cher les soins de santé aux retraités et de supprimer une prime de soutien à ceux touchant moins de 700 euros par mois de pension.

Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a rejeté l’idée “de couper dans les retraites les plus basses”. La Grèce veut renvoyer le “zéro déficit” à 2017 dans l’attente d’une grande réforme de fond en cours d’élaboration. La justice grecque vient encore de compliquer la donne, annulant mercredi les baisses de retraites instaurées en 2012, ce qui pourrait coûter à l’Etat grec de 1,2 à 1,5 milliard de plus que prévu par an.

– Comment sortir de la dépression économique?

En matière de marché du travail, que les créanciers veulent déréguler davantage, les divergences se sont réduites. Reste à régler la question du rétablissement des conventions collectives abolies sous pression de l’UE et du FMI. M. Tsipras s’y est engagé, et a indiqué préparer le dépôt d’un projet de loi en ce sens au parlement, les créanciers l’excluant pour 2015.

Sur les privatisations aussi, les positions se sont rapprochées, Athènes étant revenu sur son opposition de départ en affirmant vouloir en faire un instrument de croissance. Mais si un compromis se dessine pour la cession au privé des ports et aéroports, la Grèce refuse les privatisations dans l’électricité réclamées par ses créanciers.

– Et après?

Le projet d’accord des créanciers opte pour le non dit sur la question de la dette publique grecque, pourtant prévue par la Commission à 180% du PIB pour 2015, un niveau jugé insoutenable de l’avis général.

La Grèce veut au contraire que le principe d’une restructuration soit réaffirmé. La zone euro s’était engagée à en discuter en 2012 une fois le budget grec en excédent primaire, mais a reculé une fois ce solde passé au vert, en janvier 2014.

Pour assurer le financement du pays à l’expiration, le 30 juin, de son plan de redressement en cours, les discussions portent en attendant sur une extension jusqu’en mars 2016 de ce programme. En échange de ce maintien sous surveillance, la Grèce pourrait puiser dans des fonds déjà existants, comme près de 11 milliards d’euros destinés aux banques grecques et non utilisés.