ésident de la Commission européenne, à Bruxelles, le 11 juin 2015 (Photo : Emmanuel Dunand) |
[11/06/2015 14:12:41] Bruxelles (AFP) Alexis Tsipras poursuivait son offensive jeudi à Bruxelles pour tenter d’arracher un accord avant fin juin sur la poursuite du financement de la Grèce et devait rencontrer Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, après une reprise du dialogue la veille avec Paris et Berlin.
Le Premier ministre grec s’entretenait depuis 12H00 GMT avec M. Juncker, en marge d’un sommet Union européenne-Amérique latine et Caraïbes à Bruxelles, après une première entrevue la veille.
“Une certaine impatience se fait sentir. Je suis un humain, donc je partage ce sentiment”, a affirmé jeudi matin M. Juncker. S’appuyant sur un proverbe allemand, il n’a pas hésité à comparer la Grèce à “une vache s’aventurant sur la glace qu’il faut ramener sur la terre ferme”. “Nous continuons à essayer de la pousser”, a-t-il ajouté.
Une impatience exprimée aussi par le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, qui a appelé les autorités grecques à se montrer “un peu plus réalistes”, estimant que “ce n’est plus le moment de jouer”. “Nous avons besoin de décisions et non plus de négociations”, a-t-il dit.
Les tractations entre Athènes et ses créanciers, UE et FMI, ont pris un nouveau tournant mercredi après la rencontre du Premier ministre grec avec la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande à Bruxelles.
Ils sont convenus d'”intensifier” les efforts pour parvenir rapidement à un accord permettrait le déblocage de 7,2 milliards d’euros, en suspens depuis août.
“Hier soir, les choses ont bougé dans le bon sens”, a jugé le ministre français des Finances Michel Sapin, pour qui cela devrait “permettre dans les jours qui viennent de progresser considérablement.”
“Nous sommes maintenant près de la piste d’atterrissage” mais “on n’y est pas encore”, a nuancé le commissaire aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.
En théorie, un accord doit être approuvé au plus tard lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro jeudi prochain. Celle-ci devra être “décisive”, a insisté M. Tusk. “Les échéances sont l’Eurogroupe du 18, le sommet européen des 25 et 26 et les paiements de la fin du mois”, a résumé une source européenne.
“Chaque jour compte”, a insisté mercredi Mme Merkel, alors qu’Athènes doit rembourser près de 1,6 milliard d’euros au FMI le 30 juin, date à laquelle arrive à son terme son plan d’aide.
– Nouvelles concessions en vue –
Face à cette urgence, les discussions se sont accélérées ces derniers jours, tant sur le plan technique que politique. Après un bref coup de froid, les relations entre MM. Tsipras et Juncker se sont nettement réchauffées avec l’espoir d’une possible entente sur un excédent primaire budgétaire, que les créanciers veulent fixer à 1% en 2015.
Ce chiffre conditionne le montant des économies à réaliser par le pays. Sur cette question, “il ne reste pas grand chose à faire pour trouver une solution commune”, a affirmé une source proche des discussions. Athènes avait proposé en début de semaine un solde de 0,75% pour cette année, au grand dam de ses créanciers, mais le gouvernement grec s’est dit prêt à revoir sa position.
De nouvelles hausses d’impôts se profilent également dans le pays. Une perspective qui a fait frémir le syndicat des fonctionnaires grecs et le Front de lutte des travailleurs, proche du parti communiste, qui ont appelé à des manifestations à Athènes.
Il y aura “une légère hausse des impôts prenant soin de ne pas affecter les bas revenus”, a admis le ministre de l?Économie, Georges Stathakis, lors d’un entretien à ERT, la radiotélévision publique qui a repris du service jeudi deux ans après sa fermeture brutale.
“Pour le moment il faut augmenter les recettes publiques sans emprunter de nouveau. (…) Il faut que les gens comprennent que ces mesures sont temporaires et visent à favoriser la reprise économique”, a souligné Georges Katrougalos, ministre adjoint de la Réforme de l’administration.
En revanche, Athènes ne semble pas prêt à accepter la hausse à 23% de la TVA sur l’électricité, voulue par ses créanciers et qui est une de ses lignes rouges, avec la réforme des retraites.