La Banque africaine de développement (BAD) met à la disposition de la Tunisie 768 millions de dinars qui peuvent être décaissés en 2015. C’est Philippe Trape, économiste principal chargé de la Tunisie à la banque, qui l’a affirmé.
M. Trape, qui revenait sur la stratégie-pays intérimaire de 2014-2015 de la banque pour la Tunisie, objet d’atelier tenu à Tunis, a rappelé que cette stratégie visait principalement, à aider le pays “à créer les conditions d’une accélération de la croissance et de la création d’emploi dans un souci d’équilibre régional et de développement inclusif tout en permettant à l’économie tunisienne de progresser sur l’échelle de la valeur ajoutée”.
La stratégie, axée sur les infrastructures et la gouvernance, a cependant réalisé peu d’avancées au niveau du pilier infrastructure en raison, notamment, des difficultés du pays à progresser sur les réformes et l’impact qualitatif limité de la stratégie en raison de la période courte de sa mise en oeuvre (18 mois).
L’économiste a noté que l’outil de stratégie intérimaire apparaît adapté à la situation de transition. Toutefois, “son contenu ne doit pas être trop ambitieux”.
“La stratégie intérimaire est adoptée par la BAD pour les pays, dont la situation se caractérise par l’absence de visibilité sur le moyen terme comme, c’est le cas pour la Tunisie durant les 4 dernières années en l’absence de plan quinquennal”, a rappelé le directeur de la coopération régionale au ministère du Développement et de la Coopération internationale, Adel Ben Ali.
Il a indiqué que durant cette étape, le taux de décaissement a dépassé les 60% pour les projets et 22% pour les dons.
L’atelier, qui a également, porté sur les perspectives de coopération BAD-Tunisie pour la période 2016/2020, a réuni des représentants des partenaires techniques, des administrations et des acteurs de la société civile.
Raouf Nouisser, directeur central à la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (SONEDE), a fait savoir que la Tunisie, qui sera confrontée dans les prochaines années à un important déficit hydrique, est appelée à réaliser des projets de mobilisation de ressources en eaux non conventionnelles.
Il s’est interrogé sur la disposition de la BAD a financer ces méga-projets dans les meilleurs délais d’autant que de tels projets doivent entrer en exploitation dans 4 ans d’autant que la situation Tunisie pourrait faire face à des difficultés en matière de mobilisation de ressources hydrauliques en 2018.
De son côté, le représentant de la Confédération nationale des entreprises citoyennes (CONECT) a noté que le concours de la BAD au secteur privé demeure très faible, évoquant également l’importance pour la BAD d’encourager les projets interrégionaux et le partenariat public-privé.
Selon les documents de la BAD, au 30 avril 2015, le portefeuille actif de la banque en Tunisie s’élevait à 1,105 milliard de dollars. Ce portefeuille comprenait 38 opérations dont 11 projets financés à partir de prêts BAD et 27 assistances techniques pour un montant total de 27,16 millions dollars.
Le secteur public représentait 96% de l’ensemble des opérations en cours dont 2,2% d’assistances technique contre 4,0% pour le secteur privé.
Concernant la composition sectorielle du portefeuille, celui-ci reste largement dominé par les infrastructures (87% des ressources allouées), le reliquat se répartissant entre l’agriculture (7,4%), les finances (4,3%) le social (0,7%), la gouvernance et le multi-secteur (0,6%).
La BAD est un partenaire historique de la Tunisie (1er financement en 1968) qui fait partie de trois plus importants bénéficiaires de ses financements.