Intervenant lors du Tunis forum, organisé le 4 juin, le ministre du Commerce a surpris tous ses interlocuteurs par ses positions fortes. C’est certainement un acte de courage mais également de lucidité.
Tunisie – Algérie : La solution choc d’un démantèlement tarifaire
Le thème du forum est le suivant: “La Tunisie et ses pays voisins: problèmes communs et solutions partagées“.
Parmi les sujets soulevés lors des débats a surgi la question de la lutte contre la contrebande. Le ministre tunisien du Commerce a soutenu que la contrebande se nourrit du différentiel de prix qui existe entre les deux pays. Partant de là, il ajoute que ce différentiel est entretenu par deux éléments. Le premier vient de l’écart entre les taxes douanières des deux régimes. Le second est celui de la subvention qui fait que le prix public devient plus avantageux que le prix de marché. Ce sont là, disait-il, les deux stimuli objectifs de la contrebande. Tous deux relèvent de l’autorité de la puissance publique.
M. Lahouel affirme que pour tuer le poussin dans l’œuf et tarir les opportunités de contrebande, la Tunisie serait disposée à aller vers un démantèlement tarifaire total avec l’Algérie.
Cependant, son homologue algérien présent au forum n’a pas réagi à la proposition de son homologue Tunisie.
La proposition de politique commerciale concertée avec la Libye
Avec la partie libyenne, ce sont les subventions qui causent les plus nombreuses distorsions, ouvrant un boulevard aux contrebandiers. Et tout récemment, les autorités libyennes ont pris l’initiative d’annuler des subventions sur une certaine liste de produits. Mohamed Lahouel a regretté cette initiative unilatérale. Tout en reconnaissant la pleine souveraineté des autorités libyennes sur son commerce national, il a déploré que la décision ait été prise en ignorant totalement ses implications sur le marché tunisien. Cette décision va faire rebondir la contrebande à partir de Tunisie et à destination de la Libye. Le ministre a souhaité qu’à l’avenir les deux pays s’obligent à se concerter avant de décider d’éléments qui peuvent avoir des impacts en retour sur l’autre pays.
Les remarques du ministre n’ont pas soulevé de polémique, et on s’en félicite. De toute façon, son attitude se nourrit de cette volonté annoncée pour un “marché commun arabe“ dont l’objectif est de niveler les subventions et de raboter les droits de douane. Au bout du compte, le ministre tunisien n’a fait qu’anticiper.