égionaux Corails Intercités est à quai, le 10 octobre 2007 gare Saint-Lazare (Photo : Jean Ayissi) |
[12/06/2015 06:22:09] Paris (AFP) Les concurrents de la SNCF espèrent pouvoir bientôt faire rouler leurs trains en France, et se réjouissent que le rapport Duron préconise de mener des expérimentations d’ouverture à la concurrence sur certaines lignes Intercités, ce qui en ferait un laboratoire pour le secteur ferroviaire français.
“La fermeture de lignes Intercités n’est pas une fatalité”, lancent les opérateurs ferroviaires réunis au sein de l’Association française du rail (Afra), affirmant que “de nombreuses lignes sous-exploitées par l’opérateur historique pourraient être développées par des entreprises alternatives”.
Loin d’un libéralisme féroce, telle que la privatisation du rail britannique des années 80, la commission d’élus et experts présidée par le député (PS) Philippe Duron a plaidé fin mai pour des contrats en délégation de service public, d’abord sur les trains de nuit, puis sur certaines lignes Intercités de jour.
Elle juge que l’ouverture à la concurrence, prévue en France pour 2019 au plus tôt, “doit être anticipée et constitue une véritable chance pour redynamiser ce service public (…) qui peine à recouvrer un modèle économique viable”.
Ravie de cette recommandation, l’Afra a invité jeudi le gouvernement “à lancer dans les prochaines semaines un appel à manifestation d’intérêt (AMI) permettant de mobiliser les entreprises ferroviaires en mesure d’exploiter rapidement” des lignes.
Arriva, filiale de la Deutsche Bahn, avait lancé le mouvement fin 2013, se disant prête à concurrencer la SNCF dès 2016. Transdev, filiale de la Caisse des dépôts, lui avait emboîté le pas. Albert Alday, directeur général de la compagnie franco-italienne Thello, estime lui qu’il y a une “fenêtre d’opportunité politique”, et dit observer un “mouvement de fond dans l’opinion publique” en faveur de l’ouverture à la concurrence.
A la commission Duron qui juge “nécessaire de donner à (la SNCF) les moyens de (…) répondre à la mise en place d’un cadre concurrentiel, sans quoi elle risquerait d’en subir les effets de manière particulièrement brutale”, Albert Alday répond toutefois en souriant que la SNCF “se frotte sur des marchés ultra-compétitifs” à l’étranger, via sa filiale Keolis.
Le gouvernement doit présenter sa feuille de route sur l’avenir des trains Intercités le 3 juillet.
– Test ultime pour la SNCF –
Le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, a récemment dit que “rien n’est pire que de ne pas savoir où l’on va. (…) Expérimentons, je pense que c’est le plus sage”.
La CGT quant à elle, estime que la concurrence “n’apporte pas de réponses aux causes des difficultés de l’offre (du réseau Intercités) telles qu’identifiées par la commission elle-même”.
Du côté des voyageurs, la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) demande à l’Etat de mener cette expérimentation dans le cadre de délégations de service public, estimant que la concurrence “donnera aux pouvoirs publics et aux utilisateurs des références sur le vrai coût de la mobilité des biens et personnes”.
Un connaisseur du secteur estime que “le test ultime (pour l’opérateur historique) sera de voir si un autre opérateur sait faire tourner ces lignes à un coût acceptable. Le dilemme pour la SNCF c’est que ce sont des lignes dont elle se débarrasserait volontiers, mais cela signifierait peut-être faire entrer le loup dans la bergerie”.
En effet, explique-t-il, “les opérateurs privés ont des structures de coûts différentes, et, dans leur rapport avec les élus, une capacité à prendre leurs distances plus importante”.
Pourtant, les collectivités responsables de transport, réunies au sein du Gart, applaudissent elles aussi cette préconisation, estimant que “le principe de la délégation de service public, promu par la commission, est un premier pas vers une meilleure efficacité”.
Le Gart estime même que “le déficit (des trains Intercités) aurait été bien moins conséquent qu’il ne l’est actuellement avec un opérateur plus performant”.
Le débat pourrait ressurgir à la rentrée, à l’approche des élections régionales, après des bisbilles entre plusieurs régions et la SNCF sur les TER.