és dans la Volvo Race, en escale à Lorient, le 11 juin 2015 (Photo : JEAN-SEBASTIEN EVRARD) |
[14/06/2015 13:33:20] Lorient (AFP) Depuis jeudi et la superbe victoire d’étape de SCA skippé par la Britannique Samantha Davies, les équipages engagés dans la Volvo Race font escale à Lorient, épicentre d’une “Sailing Valley” bretonne constituée de quelque 110 entreprises spécialisées dans la course au large.
Grâce à leur excellence et au nombre de courses que ces entreprises, installées dans un secteur compris entre Brest (Finistère), Lorient et Vannes (Morbihan), ont contribué à faire gagner, la Sailing Valley jouit désormais d’une réputation mondiale.
Elle emploie “quelque 1.500 personnes, pour un chiffre d’affaires de 215 millions d’euros”, note Wenceslas Menotti, directeur d’Eurolarge Innovation, cluster d’entreprises essentiellement spécialisées dans la course au large.
La “Sailing Valley” est née de la reconversion en pôle spécialisé dans la course au large ultra-moderne de la base de sous-marins lorientaise, construite par les Allemands en 1941, que la Marine nationale quitta ensuite définitivement, au bénéfice de Toulon, en 1997.
“On a fait il y a dix ans le pari de mettre à disposition des +teams+ (de course au large) les pontons et les infrastructures”, explique Jean-Patrice Colin, de l’Agence de développement économique du pays de Lorient, qui rappelle qu’une dizaine d’équipes ont choisi de s’y installer, à l’instar de Gitana Team ou Groupama Sailing team.
“Puis, ajoute-t-il, on a accueilli les entreprises d’excellence”, innovantes, capables aujourd’hui de répondre aux exigences des skippers qui réclament toujours plus de légèreté pour plus de vitesse, sans remettre en cause la sécurité.
Architecture navale, conception et études des structures de voiliers, construction en matériaux composites, mâts démesurés en carbone, accastillage, gréement, peinture spéciale compétition… On conçoit et fabrique dans la Sailing Valley les voiliers les plus rapides du monde, qui collectionnent records, comme ceux du Trophée Jules Verne, du Vendée Globe ou celui de la Route du Rhum.
– Synergie et diversification –
De nouveaux défis s’y préparent: la Transat Jacques Vabre cet automne, et surtout, l’an prochain, la nouvelle édition de “l’Everest des mers”, le Vendée Globe, tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance.
Pour cette course, Armel Le Cléac’h disposera d’un nouveau bateau, un Imoca (monocoque de 60 pieds), Banque Populaire VIII, construit au chantier CDK à Port-la-Forêt. CDK a aussi réalisé le Safran 2, premier Imoca nouvelle génération mis à l’eau à Lorient en février.
Ces deux voiliers seront équipés de mâts Lorima, société basée à Lorient, tout comme deux autres bateaux du même type, destinés eux aussi au Vendée Globe: Gitana XVI et StMichel-Virbac.
Ces deux Imoca sont construits en ce moment chez Multiplast, une entreprise spécialisée dans les matériaux composite, à Vannes. Multiplast a aussi réalisé dans le cadre d’un consortium international les ponts et les aménagements intérieurs des sept des voiliers de la Volvo Race.
A quelques encablures de Multiplast, se trouve North Sails (45 personnes à Vannes), qui a pour sa part fourni les voiles de l’ensemble de la flotte de la Volvo Race après avoir équipé 15 des 20 bateaux du dernier Vendée Globe.
Point commun entre ces deux entreprises, le cabinet d’architecture navale VPLP, dont les compétences en matière de conception de multicoques et de monocoques sont devenues incontournables dans la course au large.
Qu’on en juge au regard du classement de la dernière Route du Rhum: ce cabinet, fondé en 1983 par Marc Van Peteghem et Vincent Lauriot-Prévost, a “signé” les cinq multicoques arrivés aux cinq premières places de cette course en solitaire entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre.
VPLP et le cabinet d’un autre architecte renommé, Guillaume Verdier, ont également collaboré pour concevoir les Imoca nouvelle génération.
Le savoir-faire, l’excellence des entreprises, leur synergie, séduisent dorénavant d’autres secteurs.
CDK, avec sa filiale lorientaise Keroman Technologies, se lance ainsi dans la fourniture de pièces pour hydroliennes.
Et Multiplast, qui a lancé son propre centre de formation d’ouvriers hautement qualifiés, est sollicitée par l’industrie de la Défense. Plus loin encore dans la diversification, ce chantier, plus uniquement naval, construira en matériaux composites les cinq dômes qui brilleront au sommet du futur centre culturel et spirituel orthodoxe russe à Paris.