à Athènes, le 12 juin 2015 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[15/06/2015 13:33:15] Bruxelles (AFP) Les Européens affichaient lundi leur exaspération face au Premier ministre grec, Alexis Tsipras, imputant à ses “manoeuvres” l’impasse dans les négociations pour sauver le pays d’un défaut de plus en plus menaçant.
“Tsipras suit une méthode depuis le début: négocier +au finish+ dans un sommet européen. La nôtre a été de conclure lors d’un Eurogroupe, d’abord en février, puis en mars, puis en mai et maintenant le 18 juin”, a expliqué à l’AFP un responsable européen impliqué dans les négociations.
Le gouvernement grec n’est pas sur cette ligne. “Nous attendrons patiemment jusqu’à ce que les institutions se rallient au réalisme”, a lancé lundi le Premier ministre de gauche radicale, après l’échec dimanche d’une nouvelle réunion de travail à Bruxelles.
Mais “les Grecs sont en train de perdre leur dernier appui avec la Commission dans les négociations avec leurs créanciers”, met en garde un négociateur européen.
Personnellement engagé depuis des semaines dans la recherche d’un accord, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, “est déçu” de l’absence de progrès, a souligné lundi son porte-parole, Margaritis Schinas.
“Tsipras est mon ami, mais il doit comprendre qu’il faut respecter un minimum de règles pour conserver une amitié”, avait averti l’ancien patron de la zone euro début juin, déplorant le non-respect par le Premier ministre grec d’engagements pris lors d’une longue nuit de négociations.
La Commission s’est du coup résolue lundi à dévoiler un peu du contenu des négociations et des demandes des créanciers, invoquant la nécessité de répondre à “nombre de désinformations”.
“Dans l’ensemble, les concessions faites et la flexibilité qui a été montrée sont déjà importantes” de la part des créanciers d’Athènes, a affirmé la porte-parole chargée des Affaires économiques, Annika Breidthardt.
– La ‘crédibilité’ grecque en question –
Elle a reconnu que la Grèce avait finalement accepté l’objectif d’un excédent primaire de 1% du PIB pour 2015, après nombre d?atermoiements et de volte-face, selon une source européenne. Mais “la question est d’évaluer si les engagements pour y parvenir sont crédibles”, a-t-elle ajouté.
Les Grecs “sont venus avec les mains dans les poches, avec quelques engagements très faibles”, accusait pour sa part un responsable impliqué dans les négociations.
Ils “sont revenus dimanche avec les mêmes propositions chiffrées que la veille”, s’agaçait une autre source européenne.
Le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis, a, lui, dénoncé les “manoeuvres” du gouvernement grec et l’a appelé à “oeuvrer sur le fond”.
“C’est faux de dire que nous manoeuvrons ou que nous jouons, c’est très méprisant”, s’est insurgé lundi un représentant du gouvernement grec. “Certains font fuiter des anecdotes qui les arrangent, nous nous concentrons sur la négociation”, a-t-il assuré.
Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, n’en a pas moins confirmé que, pour Athènes, le déblocage était avant tout politique, au-delà des négociations techniques.
“Un accord peut être conclu en une nuit mais la chancelière (Angela Merkel) doit être là”, a-t-il soutenu dans un entretien lundi dans le quotidien allemand Bild.
Mais à Berlin aussi, le ressentiment s’exhale. “A travers toute l’Europe, il y a un sentiment croissant: ça suffit!”, s’est emporté le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel.
Le prochain rendez-vous s’annonce du coup très tendu, lors de la réunion jeudi de l’Eurogroupe.
Si aucun accord n’était conclu à temps pour le 30 juin, à l’expiration du programme de sauvetage financier de la Grèce, le pays ne sera pas en mesure de rembourser 1,6 milliard d’euros dus au FMI. Dans ce cas, elle serait en situation de défaut de paiement, “une situation inédite”, a reconnu un responsable européen.