Grèce : des négociateurs aux priorités différentes

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ènes, le 15 juin 2015 (Photo : Louisa Gouliamaki)

[15/06/2015 16:41:25] Bruxelles (AFP) Les négociations pour éviter un défaut de paiement à la Grèce ont mis en évidence des divergences au sein des partenaires du pays, qui ne mettent pas l’accent sur les mêmes points.

– Ce que veut le FMI

L’impératif du Fonds est que la dette grecque soit viable, alors qu’elle évolue à près de 180% du PIB, un niveau jugé insoutenable. Lors de précédentes négociations en 2012, le FMI avait insisté pour fixer des objectifs ambitieux en terme de réduction de la dette, à 175% du PIB en 2016 et à 124% en 2020. Il avait eu gain de cause, la zone euro ayant promis d’envisager, sous certaines conditions, de nouvelles mesures pour atteindre ces objectifs, mais cette promesse ne s’est jamais concrétisée.

Dimanche, le FMI, par la voix de son chef économiste Olivier Blanchard, a de nouveau enjoint aux Européens d’envisager un allègement de dette. Athènes partage cet objectif, mais la perspective fait frémir les États-membres, qui invoquent le prix à payer par les contribuables.

Pour l’institution de Washington, la Grèce doit de son côté en passer par une réforme des retraites et une refonte de la TVA. “Si ces réformes ne sont pas mises en ?uvre, la Grèce ne pourra pas renouer avec une croissance ferme et le fardeau de la dette deviendra encore plus élevé”, estime M. Blanchard. L’insistance du FMI sur la question des retraites passe parfois mal en Europe, dénoncée comme une forme d’intransigeance.

– Ce que veut la zone euro

Les pays membres pressent Athènes de respecter les engagements de réformes pris en échange de son sauvetage avant toute discussion sur l’avenir, que ce soit une nouvelle aide financière, une extension du programme actuel ou des mesures sur la dette.

En cas de restructuration de dette, l’Allemagne et la France, ses deux premiers créanciers au sein de la zone euro, auraient le plus à perdre. La chancelière Angela Merkel exclut du coup un effacement de dette. La France, moins catégorique, reconnaît qu'”il faudra assurer la soutenabilité” des finances du pays, mais juge qu’il ne faut “pas mettre la charrue avant les b?ufs”.

“La Grèce doit se concentrer sur le respect du programme en cours”, la “restructuration de la dette n’est pas sur la table”, a résumé le ministre slovaque des Finances, Peter Kazimir, dont le pays est l’un des plus intransigeants envers la Grèce.

La zone euro dans son ensemble veut une solution qui évite son éclatement. Or, la perspective d’un “Grexit” inquiète, car les marchés pourraient s’attaquer à leur tour à d’autres pays fragiles de l’Union monétaire.

– Ce que veut la Commission européenne

Jouant volontiers le rôle de médiateur dans ces difficiles négociations, l’exécutif européen aime à se présenter comme l’interlocuteur le plus flexible vis-à-vis d’Athènes.

Si la Commission tient tout particulièrement à un excédent budgétaire primaire de 1% du PIB cette année, elle se dit moins soucieuse que le FMI sur les moyens d’y parvenir. Ce chiffre définit le montant des économies ou des recettes supplémentaires à réaliser.

L’exécutif européen met notamment l’accent sur de possibles coupes dans le budget de la défense. “Ce n’est un secret pour personne que les dépenses du budget grec pour la défense sont les deuxièmes (en Europe) après le Royaume-Uni”, a souligné lundi un porte-parole.

La Commission insiste également sur la nécessité pour Athènes d’améliorer son administration fiscale et de moderniser son secteur public. Elle a proposé son aide à de multiples reprises à la Grèce pour l’aider dans cette tâche.