à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
[16/06/2015 14:36:22] Paris (AFP) Discriminations tarifaires, conditions contreproductives pour la sécurité routière, dépôts de garantie prohibitifs: l’association de consommateurs UFC-Que choisir a dénoncé mardi les pratiques “peu louables” des loueurs de voitures en France et demande de “rééquilibrer la relation loueur/locataire”.
Ce secteur en pleine croissance, dont 70% de l’activité sont accaparés par quatre enseignes, est particulièrement “plaintogène”, a souligné Alain Bazot, président de l’association de consommateurs qui a publié mardi une étude sur la location de voitures.
Parue à l’approche des vacances d’été, période de pointe pour les locations de véhicules, cette étude met notamment en exergue les écarts tarifaires sur le vieux continent entre clients européens et nord-américains avec une différence de 13% en moyenne au profit de ces derniers.
“Ces écarts sont d’autant moins justifiés que les conducteurs européens sont moins accidentogènes que les nord-américains” avec 11,4 morts sur les routes aux États-Unis pour 100.000 habitants contre 6,4 en France, a relevé Alain Praud, administrateur national d’UFC-Que Choisir.
L’association s’est également penchée sur les écarts tarifaires entre les régions françaises relevant ainsi, à partir des tarifs pratiqués par neuf réseaux, 34% de différence de prix entre la Corse, région la plus chère, et Rhône-Alpes, région la moins chère. En Corse, les tarifs sont en moyenne de 16% plus élevés et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur de 10%.
“Il semble que le tourisme, très présent dans ces régions, loin de créer des économies d’échelle chez les loueurs de voitures, pèse défavorablement sur le prix des locations auto”, s’étonne l’UFC.
L’AFP a sollicité plusieurs entreprises du secteur, qui n’ont pas souhaité commenter l’étude.
L’UFC a par ailleurs dénoncé diverses “pratiques contestables” de la part des loueurs de voitures, qui sont souvent franchisés d’une grande enseigne.
– Consommateur ‘pieds et poings liés’ –
Ainsi “jusqu’à 54 options, surcharges et pénalités peuvent être facturées”, a indiqué Maxime Chipoy, responsable des études d’UFC-Que Choisir, notant qu’elles sont à l’origine de “beaucoup de courriers de consommateurs”.
Parmi elles, la facturation à 8 euros du second conducteur. Cette pratique est dénoncée par l’association comme “contre-productive en termes de sécurité routière”, puisqu’elle pousse un unique conducteur à faire l’ensemble du trajet et comme un “effet d’aubaine pour améliorer la rentabilité aux dépens de la sécurité”.
Autre abus, selon UFC-Que Choisir, la facturation de frais de dossier pour amende, entre 19 et 35 euros, sans lien avec les coûts.
“Au final, les frais de dossier pour amende apparaissent plus comme un frais sanction que comme un frais administratif”, selon l’association.
Enfin, l’UFC-Que Choisir épingle le dépôt de garantie par carte bancaire, “n?ud gordien des excès”, avec “des mauvaises pratiques généralisées, qui se cristallisent au moment de la restitution du véhicule”, avec la problématique de l’évaluation des dommages et de l’encaissement non souhaité du dépôt de garantie, qui s’élève en moyenne à 1.500 euros.
Les dépôts de garantie prohibitifs mettent le consommateur “pieds et poings liés” face au professionnel, dénonce l’association.
Cette pression du professionnel sur le client a encore été renforcée avec la mise en place en février du fichier Claris des mauvais clients, selon l’UFC, qui appelle à une réforme de ce système “pour rééquilibrer la relation loueur/locataire”.
Pour garantir les intérêts du consommateur, l’UFC appelle la Commission européenne à lutter contre les discriminations tarifaires entre Européens et Américains.
Elle demande au gouvernement de plafonner les montant des franchises au double du montant facturé pour la location avec un minimum forfaitaire de 150 euros et d’imposer la gratuité de l’enregistrement d’un second conducteur. Et elle réclame à la direction générale de la concurrence d’enquêter sur les pratiques des loueurs.
En 2004, 6% des Français louaient un véhicule au moins une fois par an, contre 15% en 2014, un marché évalué à 3,5 milliards d’euros, selon l’UFC.
Selon l’association, cette forte croissance pourrait encore s’accentuer avec les difficultés économiques, qui poussent les consommateurs aux budgets contraints à se priver de véhicule permanent, et le développement de la “valeur d’usage” aux dépens de la “valeur propriété”, qui incite les particuliers à louer plutôt qu’à posséder leur véhicule.