éroport de Roissy (Photo : Eric Feferberg) |
[17/06/2015 11:57:03] Le Bourget (France) (AFP) Le rythme des annonces de commandes s’est ralenti au troisième jour du salon du Bourget, Boeing maintenant une légère avance sur son rival Airbus, alors que d’autres acteurs occupaient le devant de la scène du rendez-vous de l’aéronautique et de l’espace.
Les premières commandes fermes de la journée sont venues d’Airbus, avec six A321 additionnels achetés par la compagnie vietnamienne low-cost VietJetAir, au prix catalogue de 682 millions de dollars.
L’avionneur européen a également signé un protocole d’accord portant sur l’achat de 60 A320neo, avec “une compagnie basée en Asie” dont l’identité n’a pas été révélée.
Le rival Boeing a pour sa part dévoilé le nom de l’acquéreur de six long-courriers 787-8 qui figuraient déjà dans son décompte officiel, au prix de 1,3 milliard de dollars: il s’agit d’Ethiopian Airlines.
Le constructeur américain a en outre signé une lettre d’intention avec la compagnie aérienne de fret russe Volga Dnepr, pour l’acquisition de 20 avions-cargos 747-8, un contrat de 7,4 milliards de dollars sur la base du prix catalogue.
Pour l’heure, les commandes fermes d’Airbus se montent à 16 milliards de dollars, légèrement moins que Boeing (16,7 milliards).
Interrogé sur Europe 1, le patron du groupe européen d’aéronautique et de défense, Tom Enders, a refusé de dire si Airbus finirait devant son concurrent américain, mais a estimé que le total des commandes pourrait atteindre les 200 appareils à l’issue du salon.
“Avant que le salon ne commence, nous avons constaté qu’avec chaque nouvelle édition, nous battons un nouveau record (…) Nous ne nous attendons certainement pas à ce que cette tendance s’interrompe. Si nous pouvons vendre 200 appareils cette année, ce sera un bon résultat”, a-t-il souligné.
Le salon est traditionnellement le théâtre d’annonces spectaculaires en termes de commandes qui, sauf exception, ont en réalité été finalisées avant l’ouverture mais ne sont rendues publiques que lors de la biennale.
– Lutte pour le marché de la maintenance –
Tom Enders a par ailleurs assuré que les exportations de l’avion de transport militaire d’Airbus Group, l’A400M, n’ont pas été affectées par le crash d’un exemplaire début mai en Espagne, faisant quatre morts et deux blessés graves.
“Nous sommes rassurés de voir que nos exportations n’ont pas été affectées par cet accident”, a-t-il déclaré. “L’accident qui s’est produit est un événement absolument tragique. Notre entreprise prendra ses responsabilités”, a-t-il ajouté.
Selon lui, l’appareil “suscite beaucoup d’intérêt” notamment au Moyen-Orient et en Asie. “Nous espérons pouvoir signer des contrats dans un avenir très proche”, a-t-il dit.
Chez les autres avionneurs, l’européen ATR a poursuivi sa moisson avec une commande ferme de la compagnie aérienne Bahamasair pour deux ATR 72-600 et trois ATR 42-600, d’une valeur catalogue totale de 116 millions de dollars. Le fabricant de turbopropulseurs avait annoncé dès l’ouverture un total de 46 commandes fermes et 35 options, pour un montant de près de 2 milliards d’euros.
Derrière la compétition des avionneurs se déroule celle du MRO, la maintenance, réparation et révision des appareils en service, un enjeu énorme alors que la flotte d’appareils en circulation pour le transport aérien devrait doubler d’ici 20 ans.
Les filiales spécialisées des compagnies aériennes et les constructeurs d’équipements, en particulier les motoristes, se disputent ce marché, qui devrait passer de 60 à 90 milliards d’euros en 2035, selon le cabinet Oliver Wyman.
La division MRO d’Air France-KLM a ainsi annoncé six nouveaux contrats pour une valeur totale de 800 millions d’euros et son président, Franck Terner, a fait savoir qu’il “songe(ait) sérieusement à acheter des avions pour les démonter”, afin d’utiliser les pièces récupérables, comme il le fait déjà avec un 747-400 acheté à Air France et démantelé à Teruel (Espagne) par la société Tarmac.
Les opportunités ne manqueront pas, car “il va y avoir de plus en plus d’avions candidats au retrait de service”, selon Philippe Fournadet, président de cette filiale d’Airbus, Suez Environnement et Snecma (groupe Safran) spécialisée dans le recyclage d’aéronefs.
Entre 12.000 à 15.000 appareils seront mis à la casse au cours des deux prochaines décennies, estime-t-il.