à Washington, le 21 mai 2015 (Photo : Saul Loeb) |
[18/06/2015 17:09:54] Washington (AFP) Les élus de la chambre basse du Congrès américain ont voté jeudi pour donner à Barack Obama des pouvoirs étendus de négociation commerciale, le président américain étant proche d’obtenir l’outil qu’il réclame pour finaliser un grand accord de libre-échange transpacifique.
La Chambre des représentants a approuvé par 218 voix contre 208 une proposition de loi créant une procédure dite accélérée, ou “fast track”, qui obligera le jour venu le Congrès à approuver ou rejeter sans possibilité de modification tout accord de libre-échange conclu par l’exécutif d’ici 2021.
L’adoption efface le revers essuyé par Barack Obama la semaine dernière, quand les élus démocrates avaient réussi à mettre en échec le texte. Le gros des voix est venu jeudi des républicains, fervents partisans du libre-échange, avec l’appui de 28 élus démocrates.
C’est désormais au Sénat, où les républicains sont aussi majoritaires, de voter, potentiellement dès la semaine prochaine.
Pour Barack Obama, l’obtention de cette procédure accélérée, dont ont bénéficié tous ses prédécesseurs depuis Roosevelt sauf Nixon, est capitale pour signer d’ici la fin de son mandat le partenariat transpacifique (TPP) négocié avec 11 autres pays du pourtour pacifique, dont le Japon.
Mais ses alliés démocrates sont, dans ce dossier, extrêmement réfractaires, tout comme les grandes fédérations syndicales et une série d’alliés du camp progressiste, notamment écologistes. Ils s’opposent à une nouvelle réduction des tarifs douaniers qui risque, selon eux, de fragiliser certaines filières industrielles américaines. Et ils refusent de se lier les mains en abandonnant le droit du Congrès à amender le futur TPP.
La semaine dernière, près de 80% du groupe démocrate de la Chambre avaient donc coulé la mesure en sacrifiant un autre texte qui pourtant leur est cher, un programme d’aide aux travailleurs affectés par les précédents accords commerciaux; les deux textes étaient liés dans un paquet législatif.
“En votant pour la procédure accélérée, le Congrès perdra son levier pour façonner le TPP, la négociation commerciale la plus importante des dernières décennies”, a dénoncé le démocrate Sander Levin.
A l’inverse, les républicains, majoritaires à la Chambre et au Sénat, sont très enclins à donner, une fois n’est pas coutume, des pouvoirs accrus à un président dont ils se méfient, mais avec qui ils partagent la conviction que l’économie américaine ne peut que profiter de l’accès à des nouveaux marchés.
“95% des consommateurs du monde n’habitent pas en Amérique, ils habitent dans d’autres pays”, a plaidé le représentant républicain Paul Ryan, homme-clé du dossier. “Nous devons abattre les barrières commerciales qui rendent les produits et services américains plus chers”.
– L’UE aussi concernée –
Le blocage de son initiative commercial par ses propres troupes fut un coup dur pour Barack Obama, qui a fait du libre-échange la priorité économique de la fin de sa présidence.
Initialement, le projet était d’adopter en même temps la procédure accélérée et le programme d’aide aux travailleurs, le premier principalement avec des voix républicaines, le second surtout avec l’appui des démocrates.
Mais les chefs républicains, en coordination avec la Maison Blanche, ont décidé cette semaine de séparer les textes, en s’engageant à ce que chacun soit adopté l’un après l’autre.
Les républicains espèrent que suffisamment de démocrates, côté Sénat où le texte retourne maintenant, accepteront de voter en faveur de la mesure malgré l’absence du programme d’aide aux ouvriers. Le 22 mai, ils avaient voté avec la majorité républicaine uniquement après que les deux mesures ont été jointes. L’appui d’une partie des sénateurs démocrates est indispensable car les républicains ne disposent pas de la majorité qualifiée requise dans la chambre haute du Congrès.
Quinze accords commerciaux ont été approuvés aux Etats-Unis grâce à une procédure accélérée par le Congrès depuis 1979. L’accord en négociation avec l’Union européenne (TTIP) bénéficierait aussi de cette procédure.
“Nos amis en Asie et en Europe veulent placer leurs mises, ils veulent souscrire au système de libre-entreprise à l’Américaine, mais ils ont besoin de savoir que les Etats-Unis restent des alliés solides et fiables”, a lancé Paul Ryan.