à Saint-Pétersbourg en Russie, le 19 juin 2015 (Photo : Olga Maltseva) |
[19/06/2015 17:13:12] Athènes (AFP) Le gouvernement grec mise sur un accord avec ses créanciers au sommet européen de lundi mais les dirigeants européens appellent Athènes à préparer un compromis dès ce week-end pour éviter un défaut de paiement de plus en plus plausible pour la population qui met des économies à l’abri.
Le Premier ministre Alexis Tsipras a eu ce qu’il cherchait: “Nous souhaitions que les négociations finales se déroulent au plus haut niveau politique de l’Europe et nous travaillons maintenant au succès de ce sommet”, se sont félicités ses services.
Mais après l’échec d’une nouvelle réunion des ministres des Finances de la zone euro jeudi soir, plusieurs responsables européens avertissaient que cette réunion exceptionnelle des chefs d’Etat et de gouvernement ne servirait à rien sans un sérieux travail préparatoire ce week-end.
“Il nous faut une forme de proposition sur la table pour le sommet”, a insisté le ministre finlandais Alexander Stubb, selon lequel “la balle est clairement dans le camp grec”, alors qu’Athènes juge ses propositions crédibles et à même de répondre aux attentes de ses interlocuteurs sans trop accabler une population déjà saignée par six années de crise.
Le sommet débouchera “au mieux sur un coup d’accélérateur politique”, a estimé une source bruxelloise proche des négociations, et Angela Merkel n’était pas très optimiste non plus: ce rendez-vous sera juste “consultatif” s?il n?y a pas de “base pour un accord”, lié à de nouvelles concessions grecques.
éens à Athènes, le 18 juin 2015 (Photo : Aris Messinis) |
“Tous ceux qui tablent sur une crise et sur le scénario de la peur seront démentis”, prédisent au contraire les porte-parole du gouvernement grec, afin de rassurer et d’éviter que l’accélération des retraits bancaires constatée ces derniers jours ne tourne à la panique.
Rien que cette semaine, ce sont au moins trois milliards qui seraient partis, selon la presse. A titre de comparaison, 4,7 milliards ont été retirés des banques en avril, dernier mois pour lequel les chiffres officiels sont disponibles.
En raison de ces retraits, la Banque centrale européenne (BCE) a relevé vendredi, pour la deuxième fois cette semaine, le plafond de l’aide d’urgence (ELA) qu’elle accorde aux banques grecques.
-“Je ne comprends pas Tsipras”-
Face à une situation qui devient “critique”, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a sommé la Grèce de vite s’entendre avec ses créanciers, faute de quoi elle ira “droit vers le défaut de paiement”.
Sans accord avec ses créanciers sur une feuille de route d’économies budgétaires, la Grèce à court d’argent risque de rater un remboursement de quelque 1,5 milliard d’euros au FMI le 30 juin.
A cette date, le gouvernement grec risque fort de devoir choisir entre payer le Fonds ou verser salaires des fonctionnaires et retraites.
Le patron de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a en effet déclaré jeudi qu’il était trop tard, même en cas d’accord, pour que les 7,2 milliards de prêts sur lesquels portent les négociations soient versés avant le 30 juin.
Le scénario d’une sortie de la Grèce de la zone d’euro est évoqué de plus en plus ouvertement, cinq ans après la mise en oeuvre du premier plan de sauvetage pour ce pays entraîné dans la crise par le poids de sa dette publique.
Un Grexit signerait “le début de la fin de la zone euro”, a jugé Alexis Tsipras, dans une interview, un risque de déflagration sur lequel il compte sans doute pour mettre ses interlocuteurs sous pression.
“Il y a tellement en jeu” qu’un échec n’est pas envisageable, a estimé le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, en visite en Slovaquie. Il y a notamment en jeu le remboursement des 240 milliards d’euros prêtés à la Grèce depuis 2010 et dont les créances sont principalement détenues par les Etats européens.
Le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a d’ailleurs estimé qu’on ne pouvait pas échouer pour une différence budgétaire de 0,5% du PIB grec, soit quelques centaines de millions d’euros sur les économies à réaliser qui séparent, selon lui, les deux parties.
Alexis Tsipras devrait être de retour à Athènes samedi, après un déplacement en Russie qui n’est pas passé inaperçu à l’apogée des tensions entre l’UE et le gouvernement de gauche radicale. “Je ne comprends pas Tsipras”, a confié à la presse allemande le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker
La Grèce et la Russie ont à cette occasion signé un accord pour la construction d’un gazoduc russe en Grèce avec financement russe.