Il est arrivé. Il est là. Comme tous les ans. Le mois saint de Ramadan a commencé jeudi 18 juin chez nous comme chez beaucoup d’autres pays musulmans! La dimension religieuse étant l’affaire de chacun en son âme et conscience, ce qui nous intéresse le plus, nous autres journalistes, ce sont les dimensions économiques et sociales qui accompagnent le Saint Ramadan.
Le mois de Ramadan agit sur nous comme un catalyseur. Il met en lumière nos comportements divers, ceux qui sont connus mais également ceux qui se cachent d’ordinaire derrière la bienséance et le socialement correct. Pourtant, les préceptes de cette obligation religieuse, répandue dans toutes les religions, sont clairs dans la volonté de Dieu de faire partager les privations par ceux qui ne se privent de rien.
Or, d’abord nous nous empiffrons pendant les 30 nuits de Ramadan autant que ce que nous consommons d’ordinaire en 3 mois ou presque. Il suffit d’avoir visité les magasins de produits alimentaires au débit de cette semaine pour voir la nuée de caddys plains à craquer. Il suffit de lire les données de l’Institut national de la consommation (INC) qui annonce que le tiers de ce nous préparons tous les jours de Ramadan est jeté à la poubelle. Evidemment nous parlons de ceux qui ont un minimum de revenu leur permettant de s’empiffrer. Les autres, et il y en a beaucoup encore dans notre pays, ils se contentent de ce qu’ils peuvent. Et ils jeûnent eux aussi!
D’autre part en général, nous devenons irascibles d’une manière intempestive! Il suffit d’un mot ou d’un geste et nous voilà sortant l’artillerie lourde de ce que notre langage a comme trésor de mots orduriers. Manière de dire «je jeûne donc je suis excusable». Les liens sociaux qui se distancent de cette manière sont sensés se resserrer à travers le jeûne. Sur la route, devant les boulangeries, en attendant les bus, en se servant dans un magasin, partout où nous nous côtoyons, nous assistons à l’expression de cette irascibilité ambiante.
Pendant le Ramadan, notre rendement au travail -qui est naturellement amoindri par les privations- devient presque nul. Le rendement du travail dans le pays est déjà malmené par 4 ans de laisser aller général alors maintenant il est inexistant.
Ramadan nous pousse à nous voir dans une situation ubuesque où nous travaillons le moins de toute l’année pendant le mois où nous consommons le plus de toute l’année. Il faut le faire et surtout l’accepter.
Les vendeurs de toutes sortes de marchandises qui sont demandées au Ramadan sont des exemples types d’autres comportements. Les appareils de mesure douteux, la qualité à vérifier chaque instant, les prix toujours vers la hausse, et en plus de tout ça, le langage pas du tout respectueux surtout si vous faites la moindre remarque. Ça aussi c’est le ramadan des Tunisiens.