à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[22/06/2015 05:55:48] Paris (AFP) L’offre de rachat de Bouygues Télécom par le propriétaire de Numéricable-SFR Patrick Drahi relève à la fois du “coup de poker” et de “petits arrangements entre amis” au détriment de l’emploi et des consommateurs, analysent lundi des éditorialistes.
Les Echos titre en une sur “Le coup de poker de SFR pour dominer les télécoms”. “La cause est entendue, les opérateurs télécoms ne gagnent pas autant d?argent qu?avant. A les entendre, leurs marges ont tellement fondu qu?ils auront du mal à investir dans le très haut débit fixe et mobile dont la France a besoin”, souligne David Barroux dans un éditorial du quotidien économique. “Tout cela est en grande partie exact. Mais cela n?est pas suffisant pour justifier un rachat sans conditions de Bouygues Telecom par SFR- Numericable. Pas suffisant non plus pour justifier que les opérateurs s?entendent discrètement dans une forme de petits arrangements entre amis pour se partager la dépouille d?un Bouygues voué à disparaître”.
Il y a clairement “de la friture sur la ligne”, ironise Laurent Bodin (L’Alsace). Le patron de Free “Xavier Niel a-t-il trouvé, avec Patrick Drahi, plus fort que lui ou un allié de circonstance?”, s’interroge-t-il. De fait “Free et Orange ont fait preuve, dans leurs réactions, d’une inhabituelle bienveillance vis-à-vis de l’offre de Numéricable-SFR. Ce qui confirmerait que des accords ont déjà été conclus. Les trois opérateurs potentiels restant, Free en tête, auront bien du mal à faire croire qu’une concurrence saine et loyale existe”, conclut-il.
– “Le précédent Messier” –
Selon Didier Rose, (Les Dernières Nouvelles d’Alsace), l’offre de 10 milliards d’euros est bien un “coup de poker face à la concurrence” qui “révèle aussi le potentiel des téléphones mobiles dans l’économie dématérialisée” alors que “le portable est en passe de devenir moyen de paiement, ordinateur, centrale de services et support majeur d’achat sur internet”.
Mais Patrice Chabanet (Le Journal de la Haute-Marne) y voit surtout “une fuite en avant”. Car “c’est toute la stratégie de Drahi qui interpelle ou qui fait peur” alors que “ses acquisitions s’effectuent au prix d’un endettement massif, estimé déjà à plus de 30 milliards d’euros, avant même le rachat éventuel de Bouygues Telecom”.
“Le précédent Jean-Marie Messier et sa boulimie légendaire ont laissé de mauvais souvenirs en France”, relève-t-il. “Les syndicats craignent déjà un essorage d’effectifs sans précédent”. Et le consommateur “assiste impuissant à de gigantesques man?uvres dont il pourrait être le dindon de la farce”.