édit, pose le 22 juin 2015 près de Nouméa (Photo : FRED PAYET) |
[22/06/2015 10:55:59] Nouméa (AFP) Après une longue maladie, Marie-Christine Tuataane a mis un terme à plus de 25 ans de salariat pour se mettre à son compte. Grâce à l’octroi d’un micro-crédit, en plein développement en Nouvelle-Calédonie, elle s’est lancée dans le transport scolaire, en périphérie de Nouméa.
C’est en voyant passer sous ses fenêtres des enfants qui allaient à l’école à pied par tous les temps, que l’idée a germé dans la tête de cette Calédonienne, originaire de l’archipel de Wallis et Futuna.
“Ca me faisait pitié de les voir marcher les jours de pluie. En plus, la route est dangereuse”, raconte cette femme énergique, qui habite un quartier pavillonnaire du Vallon Dore, à une vingtaine de kilomètres de la capitale de Nouvelle-Calédonie.
Propriétaire d’un mini-bus de 8 places dans lequel elle promène habituellement sa ribambelle de neveux et nièces, elle décide en 2013 d’en faire son outil de travail et crée “Titine Transports”.
“J’avais besoin de 350.000 CFP (2.950 euros) pour faire une formation, équiper mon véhicule et le mettre aux normes de sécurité pour le transport d’enfants. C’est une petite somme mais pour moi c’était énorme et sans le micro-crédit je ne me serai pas lancée”, explique la quadragénaire.
A l’instar de Marie-Christine Tuataane, plusieurs centaines d’habitants de Nouvelle-Calédonie, où 96% des entreprises sont des TPE de moins de dix salariés, frappent chaque année à la porte de l’Adie (Association pour le droit à l’initiative économique) pour rebondir professionnellement.
“Nous nous adressons aux gens qui n’ont pas accès au crédit bancaire, dont les capacités de remboursement sont faibles, qui n’ont pas de caution ou qui ont eu des parcours personnels ou professionnels difficiles”, explique Emmanuel Blanchard, directeur régional de l’Adie.
Implantée à Nouméa depuis 1999, l’établissement connait une croissance de son volume de prêts de 10 à 15% par an. L’an dernier, il a octroyé pour 470 millions CFP de micro-crédits (3,9 millions euros), tous plafonnés à 1,2 million (10.000 euros).
– Succès en milieu tribal –
“On prête à un taux unique comparable à celui des banques. Mais pour ces personnes, ce qui compte le plus, ce n’est pas le taux mais l’accès au crédit”, souligne Emmanuel Blanchard.
Ainsi, Marie-Christine Tuataane raconte qu’en raison de ses ennuis de santé et de ses maigres garanties, aucune banque de la place ne lui aurait fait confiance.
L’Adie accorde également des prêts d’honneur à taux zéro, que les micro-entrepreneurs peuvent panacher avec un crédit payant ou qu’ils utilisent comme apport pour solliciter un établissement bancaire.
Alors que 77% des micro-entrepreneurs de l’Adie n’ont pas le bac, l’association apporte parallèlement aide et accompagnement pour la gestion et l’administration, qui sont en partie assurés par des bénévoles.
“En Nouvelle-Calédonie, nous avons un vivier de 35 bénévoles mais nous avons récemment lancé un appel aux volontaires car il nous en faudrait deux fois plus”, observe Emmanuel Blanchard.
Dans cet archipel du Pacifique sud, qui compte 341 communautés kanakes, la souplesse et l’appui technique offerts par la micro-finance ont aussi stimulé l’initiative en milieu tribal. “Un homme quadragénaire qui vit sur terre coutumière est le profil le plus fréquent de nos clients”, ajoute M.Blanchard.
En mars dernier, évoquant le plan triennal de développement de l’Adie (2015/2017), Catherine Barbaroux, présidente de l’Adie, avait indiqué que l’association tablait sur une croissance de 20% dans les outre-mer contre 15% dans l’Hexagone.
“L’outre-mer est un territoire dans lequel on investit beaucoup (…). Pour l’instant, le ciel est sans nuages tant en terme de rentabilité, de pérennité et de diversité des activités créées que de taux de remboursement”, avait-elle déclaré.
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